Le gouvernement Charest se trompe quand il pense mettre entre parenthèse pour un an, l'impact négatif des rendements de la Caisse de dépôts et placement sur les régimes d'assurance et de retraite comme la CSST ou la Régie des rentes.

Après la tempête des résultats de la Caisse de dépôts, le gouvernement Charest se voulait rassurant jeudi; pas question de majorer cette année, les cotisations aux nombreux régimes d'assurance dont les réserves ont été saccagées en 2008. Une assurance de courte durée toutefois, personne ne s'engage au-delà de «cette année».Mandaté par Monique Jérome-Forget pour faire des propositions sur l'ensemble de la tarification du gouvernement, l'économiste Claude Montmarquette estime que tous les régimes d'assurance dont les caisses sont administrées par la Caisse de dépôt devraient, au contraire, vite retourner à leur table à dessin pour réajuster leurs cotisations.

Jusqu'ici, la Régie des rentes, la Société d'assurances automobile et la Commission de santé sécurité au travail ont indiqué qu'ils n'auraient pas à revoir la contribution attendue des travailleurs ou des retraités, en dépit d'une baisse d'environ 25 % de leurs fonds administrés par la CDP.

La Caisse de dépôt annonçait mercredi qu'elle avait perdu 39,8 milliards $ des 150 milliards qu'elle détenait dans ses fonds, en 2008. Cette perte de 25,6 % est, de loin la pire des 45 ans d'histoire de la Caisse et repousse l'organisme parmi les pires gestionnaires de fonds au pays pour 2008. Les réserves de la Régie des rentes, de la CSST, des fonds de retraite des fonctionnaires et des employés de la construction se retrouvent sous pression. Mais au caucus libéral hier, les ministres se succédaient pour prévenir qu'il n'y aurait pas de changement «pour cette année».

Claude Montmarquette, voit les choses d'un tout autre oeil. «Si les corrections ne sont pas faites rapidement, on repousse le problème. A terme il faudra des ajustements si brutaux qu'ils deviendront impossibles, politiquement, à mettre en place» prévient l'économiste de Cirano, un groupe associé à l'Université de Montréal.

Il réprouve sans nuance, c'était prévisible, la position de Pauline Marois qui suggérait un gel général des tarifs, pour aider les contribuables à traverser la crise, quelque soit leur niveau de revenu.

Pour M. Montmarquette, la tarification reste le moyen le plus «efficace et équitable» de financer les services publics» --son rapport avait d'ailleurs été cosigné par Joseph Facal, proche conseiller de Pauline Marois après son retour à la barre du PQ.

Les autres solutions sont évidentes mais plus douloureuses encore constate l'économiste ; «on gèle les coûts des programmes, c'est-à-dire les salaires, ou on coupe les services» résume-t-il.

Au passage il écorche la gestion de certains des déposants de la CDP. Les patrons de la Caisse ne doivent pas être les seuls au pilori pour la contreperformance de 2008. «Chacun des déposants a ses responsabilité ; pourquoi le fonds de rentes de la construction fait moins 15 % quand la Régie des rentes fait moins 26 %. Les organisations avaient une marge de manoeuvre» observe l'économiste.

M. Montmaquette ne craint pas que son rapport, qui préconisait des hausses importantes de tarifs ne soit relégué aux oubliettes. «Sur le site internet du ministère des Finances, dans la consultation pré-budgétaire on comprend clairement que ces idées vont revenir», résume-t-il.