Confronté aux pertes historiques de la Caisse de dépôt et placement, le premier ministre Jean Charest s'est défendu de vouloir étouffer le dossier en précipitant la tenue d'une commission parlementaire avec les dirigeants de l'institution.

M. Charest a plutôt accusé le Parti québécois de vouloir politiser le dossier en rallongeant sa liste de demandes préalables aux audiences spéciales.Selon M. Charest, les libéraux ont accepté toutes les demandes contenues dans une lettre du porte-parole péquiste des Finances, François Legault, jusqu'à ce que celui-ci exprime de nouvelles exigences, mercredi.

«On répond oui à toutes ses demandes et là ils en redemandent, ils demandent d'autres choses, a-t-il dit lors d'un point de presse. Je pense qu'il faut, compte tenu du fait que c'est un enjeu qui est très, très sérieux, mettre la politique de côté.» 

Avant d'assister à un caucus où les libéraux prépareront la prochaine session parlementaire, M. Charest a indiqué que les dirigeants de la CDP doivent être entendus rapidement mais qu'il ne souhaitait pas classer l'affaire en les convoquant dès la semaine prochaine.

«C'est le contraire, moi je veux qu'on mette la politique de côté», a-t-il dit.

Le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, y est allé plus directement en disant que M. Legault a fait preuve de mauvaise foi, mercredi, lors d'une rencontre visant à préparer les audiences de la commission parlementaire.

«C'est clairement de la mauvaise foi et sa lettre était un stratagème», a-t-il dit.

Selon M. Dupuis, le gouvernement ne tente pas d'étouffer l'affaire en proposant que la gestion de la haute direction de la Caisse soit examinée dès la semaine prochaine, relativement aux pertes de près de 40 milliards $ de l'institution, en 2008.

M. Dupuis croit toutefois que le débat politique doit avoir lieu en Chambre et non en commission parlementaire.

«On ne se défilera pas sur le débat politique, on va être en Chambre, a-t-il dit. On entre en Chambre le 10 mars: il y a la période des questions, il y a les motions de blâme, il y a des interpellations. Il y a toutes sortes de procédures qui permettent de faire le débat politique.»

Jeudi matin, les deux partis semblaient dans une impasse quant à l'organisation des audiences de la commission parlementaire spéciale.

Les libéraux proposent la tenue d'une commission parlementaire de deux jours la semaine prochaine afin d'entendre la haute direction de la Caisse ainsi que l'ancien président et chef de la direction de la société d'État, Henri-Paul Rousseau, comme M. Legault l'avait demandé dans une lettre, la semaine dernière.

Les péquistes souhaitent confier un mandat plus large à la commission. Ils réclament aussi des documents, dont le rapport annuel de l'institution, publié habituellement en avril, ainsi que la politique de rémunération des dirigeants de la Caisse.

Par ailleurs, la possibilité de hausses de cotisations aux divers organismes gouvernementaux et régimes de retraite confiant leurs fonds à la CDP ont été évoquées par deux ministres du gouvernement.

Le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, a assuré qu'il n'y aurait pas d'augmentation de cotisations à la Régie des rentes du Québec en 2009, mais que l'automne prochain, des consultations vont déterminer s'il faut agir autrement pour la suite.

«Cette année, il n'y a aucune augmentation prévue pour la cotisation à la RRQ», a-t-il dit.

Le ministre du Travail, David Whissell, s'est lui aussi montré rassurant à l'effet que les cotisations des employeurs à la Commission de la santé et de la sécurité du travail n'augmenteront pas cette année.

«Pour l'avenir, il y aura des discussions au niveau des conseils d'administration», a-t-il dit.