Le gouvernement Charest ne doit pas prendre prétexte de la crise économique pour réduire le rôle de l'État et larguer une partie des services publics, ont fait valoir hier les syndicats du secteur public et parapublic à la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget.

La rencontre entre les parties, qui a duré 45 minutes, avait pour but de discuter du prochain budget du Québec de la fin mars. Pour la première fois en 11 ans, ce budget s'annonce déficitaire et les syndicats qui évoluent dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la fonction publique s'en montrent soulagés. «Le déficit, on le réglera plus tard. Pour le moment, c'est le temps d'emprunter pour soutenir l'économie», a dit Réjean Parent, président de la CSQ qui représente les enseignants.

 

Jusqu'à tout récemment, a enchaîné M. Parent, Mme Jérôme-Forget avait plus tendance à croire que l'État devait être le moins interventionniste possible. «Elle s'inspirait davantage de Margaret Thatcher, mais là, elle commence à s'inspirer d'Obama et c'est une bonne nouvelle pour nous.»

Pour Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, faire des compressions ne ferait qu'aggraver la situation. Il faut plutôt, à son avis, «soutenir l'économie et la réorienter, s'occuper des personnes qui sont les plus affectées (par la crise) et continuer à améliorer les services publics.»

Les chefs syndicaux - qui représentent 262 000 personnes - et Monique Jérôme-Forget ont notamment discuté de cette politique par laquelle on ne remplace qu'un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite.

Pour les syndicats, cette politique se traduit par une perte d'expertise, à un moment où, dans certains secteurs, «on est en bas des services essentiels, ce qui est dangereux pour la santé et la sécurité du public».

D'ailleurs, lors des prochaines négociations dans le secteur public, a poursuivi Mme Martineau, la grande priorité sera de travailler à l'attraction et à la rétention de fonctionnaires, choses particulièrement difficiles dans la mesure où les conditions offertes dans le secteur privé sont souvent plus alléchantes.

Y aura-t-il par ailleurs front commun lors des prochaines grandes négociations? Selon Réjean Parent, la réponse sera connue autour du 27 février.

«Nous, les chefs, on s'entend bien, mais c'est pas juste de la tête qu'il faut que ça parte, il faut que les corps se touchent!»