Si Nicolas Sarkozy associe le mouvement souverainiste au «sectarisme» et à «l'enfermement sur soi», le ministre Raymond Bachand, ancien indépendantiste, préfère dire qu'une frange du Parti québécois est «moins tolérante».

«Il y a toujours eu deux branches dans ce parti. Il y a les lévesquistes ouverts sur le monde et tolérants. Et il y a les autres», a expliqué le titulaire du Développement économique, hier, en marge du Salon des entrepreneurs organisé par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Raymond Bachand n'a pas voulu commenter directement les propos tenus lundi par le président français. Il a toutefois souligné que Nicolas Sarkozy «a bien exprimé ce qu'il pensait».

Partage-t-il le point de vue du chef d'État français au sujet du mouvement souverainiste auquel il a déjà été associé? «Il y a une partie de ce parti qui est très tolérante, ouverte sur monde, et une autre partie qui l'est moins», s'est-il contenté de répondre, précisant qu'il était un lévesquiste avant de se convertir au fédéralisme.

Cherchant à éluder les questions sur la sortie de M. Sarkozy, Raymond Bachand a insisté sur «la grande amitié de la France pour le Québec» et sur l'appui du président aux projets concernant la mobilité de la main-d'oeuvre et un partenariat économique entre le Canada et l'Union européenne. «M. Sarkozy aide le Québec», a-t-il dit.

Au cours de son point de presse, Raymond Bachand a reproché aux souverainistes d'être «figés dans leur programme». «Il y a des gens qui n'ont pas réévalué leur paradigme. Le monde des années 2000, ce n'est pas le même monde qu'en 1968.»

Par exemple, «en 1960 on était un peuple d'illettrés, presque, les hommes ne finissaient pas leur secondaire, les femmes n'y allaient pas, et aujourd'hui, on n'est pas mieux que les autres, pas pires que les autres.»

«Au niveau de la langue française, on avait des problèmes majeurs. Ce n'est plus le cas aujourd'hui, mais il faut toujours être vigilant», a-t-il ajouté.

Selon Raymond Bachand, malgré la crise économique qui provoque des mises à pied au Québec, des projets d'investissements sont dans l'air. Pour une deuxième fois au cours de son périple en Europe, le ministre a fait miroiter «plusieurs centaines de millions de dollars» d'investissements au Québec grâce au projet d'une entreprise spécialisée dans les technologies vertes. La semaine dernière, lors du Forum économique mondial de Davos, il avait affirmé qu'une autre entreprise du même domaine pourrait bientôt investir une somme semblable. Rien n'est confirmé dans les deux cas.

Le Québec est l'invité d'honneur du Salon annuel des entrepreneurs, qui a débuté hier et prend fin aujourd'hui dans un Palais des congrès plein à craquer. La Chambre de commerce et d'industrie de Paris a enregistré un record de participation, en bonne partie parce que la crise économique inquiète les gens d'affaires, a noté son président, Pierre Simon. Raymond Bachand a fait la promotion du Québec comme destination d'affaires lors de l'ouverture officielle du Salon.

Hier, Jean Charest, qui n'avait aucune activité publique, a quitté Paris pour se rendre à Bruxelles, la dernière escale de sa mission en Europe. Il rencontrera des représentants de la Commission européenne, dont son président, José Manuel Barroso. Il fera pression pour que les négociations sur le projet de partenariat économique entre le Canada et l'Europe des 27 soient lancées bientôt.