Le gouvernement Charest est ambivalent devant le budget déposé hier aux Communes par le ministre des Finances Jim Flaherty. Certaines décisions sont positives, par exemple pour la formation des travailleurs licenciés, le secteur manufacturier et les infrastructures.

Livrant ses impressions sur le budget déposé hier, la titulaire québécoise des Finances, Monique Jérôme-Forget a surtout insisté sur ce qui heurtait Québec: une baisse importante des paiements de péréquation et la mise en place d'une commission unique des valeurs mobilières au Canada.

Surtout, Mme Jérôme-Forget n'affiche plus du tout son assurance de l'année dernière. Quand le fédéral est forcé d'accuser un déficit de 34 milliards cette année, et qu'il prévoit quatre années d'encre rouge, elle avoue qu'elle sera forcée de revoir son engagement à présenter un budget équilibré l'an prochain.

«Depuis novembre, le fédéral est passé d'une croissance de 0,6% à un recul de 1,2%, c'est un revirement important» relève-t-elle, surtout si on se rappelle des prévisions de croissance du printemps 2008, de 2%.

«Si M. Harper a largué le Québec, c'est bien dommage pour lui parce qu'il serait dans une élection prochainement. Il a peut-être besoin des comtés qu'il a au Québec. Nous, on fait notre devoir, on va maintenir le cap.» Le gouvernement fédéral «doit se rappeler qu'il y aura des élections et qu'ils ont quelques députés au Québec», lance-t-elle. Elle confirme qu'elle s'est entretenue avec le chef du PLC, Michael Ignatieff, tout comme Jean Charest.

En revanche, elle avoue sa satisfaction devant la décision d'Ottawa de consacrer 300 millions pour la formation des travailleurs québécois qui ont été licenciés.

«Parfois on gagne des volets, parfois on en perd. Pour nous, c'est de garder le cap sur nos revendications pour nous assurer que le fédéral va comprendre et que certains partis fédéraux vont comprendre», a-t-elle dit.

Un projet inacceptable

Pour Québec, la volonté fédérale de mettre en place une commission unique pour réglementer le secteur des valeurs mobilières est inacceptable. Les partis de l'opposition aux Communes devraient contrecarrer ces intentions.

Québec compte saisir les tribunaux pour bloquer ce projet, dit-elle. Cependant, a appris La Presse, le ministère de la Justice est passablement réticent à se lancer dans cette aventure.

Autre source d'insatisfaction à Québec, la volonté d'Ottawa de réduire ses dépenses en péréquation. Tout repose sur l'impression que cette facture passera de 14 à 16 milliards, selon les prévisions de Flaherty. Or ces estimations sont périmées, elles remontent à l'époque où le baril de pétrole valait trois fois plus que les 44$ actuels - l'écart entre les provinces riches, comme l'Alberta, et les plus pauvres a considérablement diminué.

Selon Mme Jérôme-Forget, la diminution de la péréquation privera Québec de 75 millions pour la prochaine année financière, mais de 695 millions l'année suivante. Québec doit accepter aussi une coupe de 83 millions dans le transfert social canadien destiné au Québec.

Par ailleurs, tout n'est pas à rejeter dans ce budget, insiste la ministre des Finances du Québec. La décision d'injecter davantage dans les infrastructures est salutaire. Les organismes fédéraux d'aide aux entreprises auront 5 milliards de plus, souligne Mme Jérôme-Forget.