Le mouvement souverainiste «a retrouvé de l'espoir et le goût de se battre» et a le vent dans les voiles, estiment Gilles Duceppe et Pauline Marois, qui promettent de ramener leur projet sous les projecteurs dans les prochains mois.

À l'issue d'un caucus commun où les troupes péquistes et bloquistes se sont rencontrées hier dans un hôtel du centre-ville de Montréal, les deux leaders y sont allés du même constat optimiste. Gonflés à bloc par les résultats surprenants des dernières élections fédérales et provinciales, à l'approche d'élections possibles à Ottawa, les souverainistes estiment qu'il est temps de promouvoir leur projet, et ce, malgré la récession qui frappe le pays.

 

«C'est évident que nous allons travailler dans le sens que les décisions se prennent et qu'elles soient les meilleures possible pour que le Québec passe à travers la crise, dit la chef du Parti québécois, Pauline Marois. Ce qui n'empêche pas de pouvoir démontrer que dans certains cas, si nous avions tous les moyens qui sont normalement à la disposition d'un gouvernement, nous pourrions poser des gestes.»

«Ce n'est pas incompatible de vouloir faire la promotion de notre projet et de défendre les intérêts des Québécois au moment où ça va mal», ajoute Mme Marois.

La souveraineté, précise le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, permettrait de faire des gestes bien concrets qui aideraient le Québec à mieux affronter la récession. «La souveraineté, ce n'est pas inodore, incolore et sans saveur. Ç'a des ancrages concrets dans le quotidien. En culture, on n'aurait pas fait ces coupes absurdes. L'autre exemple, c'est certainement Kyoto. Le Québec a baissé ses émissions de GES de 2,8% depuis 1990. Si Kyoto était appliqué ici, on pourrait participer à une Bourse du carbone, et ça rapporterait de l'argent.»

Aux dernières élections, les péquistes ont raflé 51 sièges sur 125, tandis que le Bloc en a obtenu 49 sur 75 au Québec. En y ajoutant celui du premier député de Québec solidaire, Amir Khadir, «ça en fait toujours bien 101 (souverainistes) sur 200, dit le chef bloquiste. Est-ce que c'est un vote en faveur de la souveraineté? Certainement pas, les élections ne sont pas des référendums. Est-ce que ce sont des votes en faveur de députés souverainistes? La réponse est oui, c'est clair, personne ne peut nier ça.»

Après une tournée panquébécoise qui lui a permis de tâter le moral de troupes, M. Duceppe estime «qu'à pareille date, comparé à l'année passée, le mouvement souverainiste est beaucoup plus fort».

Il ne s'inquiète pas d'irriter ses partenaires au sein de la coalition qui a tenté de renverser le gouvernement Harper, et qui font face aux critiques pour leur association au Bloc dans le reste du Canada anglais. «Eux parlent de l'unité canadienne, et nous on va se taire? Nous sommes des souverainistes. Notre tâche et de faire en sorte que notre mouvement se développe et gagne. Si j'appuyais cette coalition, c'est que ça va dans le sens des intérêts du Québec. On existe, on parle, on s'affirme, on en est fiers.»