Après une cuisante défaite électorale et l'annonce du départ de son chef Mario Dumont, l'ADQ tourne maintenant une page de son histoire. Avec sérénité (et une pointe d'amertume), les candidats élus et défaits des dernières élections se sont rassemblés hier pour faire un bilan des derniers mois, qui ont été passablement douloureux.

«Il y a un nouveau chapitre qui s'ouvre dans la vie de notre formation politique, qui va faire éclore, apparaître des talents nouveaux», a dit M. Dumont devant ses militants réunis à Drummondville.Les candidats défaits et députés élus ont réservé au chef démissionnaire un accueil chaleureux, mais sans plus, ce qui contrastait avec l'enthousiasme débordant que réservent habituellement ses partisans à celui qui a dirigé l'ADQ pendant 15 ans.

«À la dernière élection, le verdict des Québécois a été clair, sans appel. Entre autres à mon endroit, a dit M. Dumont en matinée. Parfois, la meilleure façon de rendre service, c'est de libérer l'espace pour d'autres talents, d'autres énergies, pour mieux préparer la suite des choses.»

Des idées fondamentales

Serein, détaché, il a appelé les militants «de la base» à continuer de se battre pour les idées de l'ADQ, qu'il estime fondamentales pour le Québec. Et s'il maintient qu'il assurera la transition le temps que l'ADQ se dote d'un nouveau chef, M. Dumont concède que son «avenir professionnel est ailleurs», tout en affirmant qu'il ne sait toujours pas ce qu'il fera.

Même s'ils admettent que le chef sera difficile à remplacer, les députés et candidats défaits croient que l'ADQ survivra au départ de Mario Dumont et espèrent que le parti se donnera ainsi un nouveau souffle.

«Le test pour l'ADQ, c'est maintenant, c'est la reconstruction des quatre prochaines années. Et je souhaite qu'il soit passé avec succès», a souligné Sébastien Proulx, ancien leader parlementaire, défait dans Trois-Rivières.

Au-delà de Mario Dumont

Nouvellement élu, l'ancien correspondant parlementaire de TQS Gérard Deltell pense qu'il sera de la responsabilité des députés et des militants de démontrer que l'ADQ va au-delà de Mario Dumont. «Voilà une belle occasion de prouver aux Québécois que l'ADQ n'est pas le parti d'un seul homme, mais le parti qui véhicule les idées d'avenir, les idées d'espoir, de progrès pour le Québec», a dit M. Deltell, enthousiaste.

«Il n'y a personne d'irremplaçable. On remplace des papes, on va remplacer M. Dumont», a pour sa part lancé Claude Roy, défait dans Montmagny-L'Islet, qui n'exclut pas de se porter candidat à la direction du parti.

Ni Éric Caire (député de La Peltrie) ni François Bonnardel (député de Shefford) n'ont pour l'instant confirmé s'ils seront sur les rangs pour remplacer M. Dumont.

Si la journée devait servir à trouver des réponses afin d'expliquer la débâcle du 8 décembre et surtout à préparer l'avenir, certains gardent toutefois une pointe d'amertume face au verdict de la population. C'est le cas de Gilles Taillon, ancien numéro 2 de l'ADQ, qui estime que les Québécois regretteront d'avoir élu un gouvernement libéral majoritaire.

Des regrets

«J'espère qu'ils vont le regretter. J'espère qu'ils vont nous regretter et que, dans quatre ans, ils vont écouter le message de l'ADQ avec un peu plus d'attention», a dit M. Taillon, ex-député de Chauveau, qui a mordu la poussière en essayant de se faire élire en Outaouais.

Après avoir fait élire 41 députés en mars 2007, ce qui lui avait permis de former l'opposition officielle face au gouvernement minoritaire de Jean Charest, l'ADQ a essuyé une dure défaite au scrutin de décembre dernier. Il n'a gardé que sept sièges, avec 16,4% des voix.

Le départ de Mario Dumont entraîne un véritable changement de garde à l'ADQ. Après Tom Pentefountas et André Beaudet, qui ont quitté leur poste respectif de président et de directeur général du parti, le président du comité électoral (et ancien DG), Jean-Simon Venne, quitte aussi le navire après avoir travaillé aux côtés du chef de l'ADQ pendant plus d'une décennie.