La rencontre fédérale-provinciale qui a commencé vendredi a donné lieu à un début d'affrontement Ottawa-Québec au sujet du changement au calcul de la péréquation souhaité par le gouvernement fédéral.

Un nouveau chapitre d'affrontement s'est ouvert entre Québec et Ottawa, vendredi, concernant l'intention du gouvernement fédéral de réduire les versements de péréquation dont profitent les provinces.

Au terme d'une rencontre fédérale-provinciale, le premier ministre québécois Jean Charest a accusé son homologue fédéral Stephen Harper de vouloir poser un geste contraire au fédéralisme d'ouverture qu'il prônait.

«Agir unilatéralement, sans consultation, arbitrairement, c'est pas du fédéralisme d'ouverture», a déclaré M. Charest lors d'une conférence de presse.

M. Charest a affirmé que l'intention du gouvernement fédéral de fixer une limite à l'augmentation des versements de péréquation constituait un bris d'engagement de la part de M. Harper, qui avait garanti leur stabilité.

«Sur le plan des relations, on ne peut pas dire que ça soit très bon, a-t-il dit. C'est une déception pour nous.»

Durant la rencontre de vendredi avec M. Harper et ses homologues des autres provinces et territoires, M. Charest a tenté de faire reporter d'un an l'entrée en vigueur de cette modification, mais il s'est heurté à la résolution sans faille de M. Harper.

«La grande, grande majorité des discussions aujourd'hui était sur des questions où des provinces et le fédéral ont la même position pour renforcer l'économie», a dit M. Harper lors d'une conférence de presse qui a précédé celle de son homologue provincial.

Le premier ministre fédéral a maintenu sa position concernant son intention d'indexer annuellement la péréquation suivant le taux de croissance de l'économie canadienne, ce qui serait beaucoup moins que les hausses de 10 à 15 pour cent des dernières années.

«Nous allons assurer que ces paiements de péréquation vont augmenter même pendant une période économique comme la période actuelle, a-t-il dit. (...) C'est important que ces programmes accroissent et que ces programmes grandissent avec la croissance l'économie. On doit avoir un équilibre.»

Québec estime qu'avec le nouveau calcul, ses versements de péréquation seront réduits de 75 millions $ pour l'année 2009-2010. Mais le gouvernement québécois affirme qu'il subira l'impact plus brutalement en 2010-2011, avec une baisse de 1 milliard $.

Vendredi, les représentants québécois et fédéraux se sont livrés à une guerre de tranchées concernant le moment où Québec a pris connaissance de la nouvelle formule d'Ottawa.

En arrivant à la rencontre, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a mis le feu aux poudres en soutenant que son homologue québécoise, Monique Jérôme-Forget, avait trouvé le projet de modification raisonnable, lorsqu'il a été annoncé, début novembre.

Mme Jérôme-Forget a riposté en diffusant un communiqué puis en déclarant lors d'une entrevue téléphonique qu'en novembre, M. Flaherty n'avait fourni que le montant de la réduction et non pas le calcul pour y parvenir.

«En politique on a souvent l'air du dindon de la farce, a-t-elle dit. J'ai vu pleuvoir avant aujourd'hui. Ce que j'ai dit à l'époque, cela m'apparaissait, par rapport à ce que je m'attendais pour 2009-2010, cela m'apparaissait raisonnable, et c'est ce que les fonctionnaires m'ont dit. Soixante-quinze millions d'écart c'est à peu près ce à quoi on s'attendait, plus ou moins.»

Mme Jérôme-Forget a soutenu avoir reçu la formule environ deux semaines plus tard et que d'importants changements lui sont alors apparus.

Une version contredite par M. Harper.

«Au contraire, le ministre des Finances a annoncé cette nouvelle formule il y a presque deux mois maintenant et comme vous vous rappelez, la ministre des Finances du Québec a indiqué son appui à ce moment-là», a-t-il dit.

Lors de sa conférence de presse qui a suivi celle de M. Harper, M. Charest s'est dit irrité de l'interprétation faite par le bureau de M. Harper.

«La déclaration qui est citée par le bureau du premier ministre est prise dans le contexte de la conférence des ministres des Finances du 3 novembre alors qu'il n'y avait aucune formule qui nous avait été donnée, a-t-il dit. Ce qui nous avait été donné, c'est un chiffre.»

Avec les positions bien campées de Québec et Ottawa, M. Charest s'est montré peu optimiste que M. Harper change d'avis d'ici le budget fédéral du 27 janvier prochain, qui pourrait contenir le projet de modification à la péréquation.

«Ce que j'ai entendu aujourd'hui me laisse entendre que le gouvernement fédéral a l'intention de continuer dans la décision qu'il a prise mais il peut changer d'ici le 27 janvier prochain», a-t-il dit.