Le premier ministre Jean Charest se présente devant son homologue fédéral Stephen Harper aujourd'hui fort de l'appui unanime de l'Assemblée nationale à une série de demandes qui s'élèvent à plusieurs milliards de dollars.

Hier, au dernier jour de la session parlementaire extraordinaire, les députés des quatre partis représentés au Parlement ont appuyé une motion contenant six revendications, dont un soutien plus généreux aux secteurs manufacturier et forestier et une bonification de l'assurance emploi. Jean Charest a obtenu le consensus qu'il voulait pour augmenter son rapport de force en prévision de la conférence fédérale-provinciale sur l'économie, qui a lieu aujourd'hui à Ottawa.

«Je veux remercier les parlementaires pour la collaboration dont ils ont fait preuve, parce que je me présente à Ottawa en sachant que chacun d'entre vous est derrière moi», a affirmé Jean Charest, qui venait de déposer la motion au Salon bleu.

En vertu de cette motion, l'Assemblée nationale exige du gouvernement fédéral «qu'il vienne en aide aux travailleurs, aux communautés et aux entreprises touchées par le ralentissement économique».

Ottawa doit «soutenir financièrement les secteurs en difficulté, notamment les secteurs manufacturier et forestier, à l'instar de ce qu'il a fait pour l'industrie automobile». Le fédéral a accordé 2,8 milliards de dollars sur trois ans à ce secteur concentré en Ontario. Le gouvernement Charest se défend de réclamer la même somme, mais il refuse de chiffrer sa demande, comme toutes les autres d'ailleurs.

L'Assemblée nationale réitère sa «ferme opposition» au projet de commission des valeurs mobilières pancanadienne. Elle veut le maintien du programme de péréquation dans sa forme actuelle. Ottawa entend adopter une nouvelle formule afin de freiner la croissance prévue des paiements de péréquation aux provinces plus pauvres, dont le Québec.

L'Assemblée nationale demande également une augmentation des investissements dans les infrastructures. Ottawa prévoit deux milliards en sept ans, alors que le gouvernement du Québec investit 72 milliards en 10 ans, a souligné Jean Charest.

Les demandes du Québec s'élèvent à plusieurs milliards de dollars, au moment où Ottawa se dirige vers un déficit substantiel. «Le gouvernement fédéral peut en faire plus. Il a les marges de manoeuvre que le gouvernement du Québec n'a pas», a affirmé Jean Charest en Chambre.

Pour la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, Ottawa doit écouter l'Assemblée nationale qui «parle d'une seule voix». «L'Assemblée nationale du Québec ne parle pas pour ne rien dire, n'émet pas des voeux pieux en disant : Bon, bien, ce n'est pas grave s'ils disent non. Non, c'est grave s'ils disent non», a dit la leader péquiste en conférence de presse.

«On ne demande pas mer et monde, a-t-elle ajouté. D'ailleurs, on aurait pu ajouter des éléments dans la motion», comme la hausse des transferts dans l'enseignement postsecondaire.

Pauline Marois se félicite d'avoir convaincu le gouvernement d'adopter une motion plus «costaude». La première mouture proposée au Parti québécois mercredi soir ne traitait pas de l'assurance emploi et du projet de la commission des valeurs mobilières - un sujet qui a toutefois déjà fait l'objet de motions unanimes à l'Assemblée nationale.

La chef péquiste demande à Jean Charest de ne pas décevoir l'opposition qui a appuyé la motion à l'unanimité. Selon elle, il doit revenir d'Ottawa avec une réponse positive aux six demandes, dont une aide aux secteurs forestier et manufacturier qu'elle chiffre à 1,6 milliard de dollars. Sinon, il «aura échoué à défendre les intérêts du Québec».

Pauline Marois reproche au premier ministre d'avoir «affaibli son rapport de force» face à Ottawa en ne dénonçant pas les modifications au programme de péréquation dès qu'elles ont été confirmées en pleines élections québécoises. «On le cherchait pendant la campagne, il se cachait en dessous des tapis. Il ne donnait pas son avis sur ce qu'Ottawa faisait», a-t-elle déploré.