Dans son énoncé économique, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, confirme le risque d'un déficit dans son budget attendu en mars. Pour éviter de creuser un trou budgétaire, elle envisage de suspendre les versements annuels au Fonds des générations, un fonds que le gouvernement a lui-même créé en 2006 afin de rembourser la dette en prétextant «l'urgence d'agir».

En campagne électorale, la ministre garantissait pourtant que le gouvernement allait maintenir ses contributions au Fonds des générations cette année et l'an prochain, qui s'élèvent respectivement à 600 et 822 millions selon les prévisions de sa mise à jour économique déposée le 4 novembre. Québec pourrait maintenant utiliser ces sommes dédiées, provenant de redevances d'Hydro-Québec, pour équilibrer son budget ou réduire un éventuel déficit.Dans son énoncé économique, Monique Jérôme-Forget concrétise six engagements pris par le Parti libéral en campagne électorale afin de stimuler l'économie, comme la création d'un crédit d'impôt sur la rénovation résidentielle.

À l'Assemblée nationale aujourd'hui, la grande argentière du gouvernement a affirmé que «l'équilibre budgétaire sera atteint en 2008-09», grâce à une réserve constituée au cours des deux dernières années.

Pour l'an prochain, «nous maintenons également l'objectif de l'équilibre budgétaire». Lors de la période des questions, le premier ministre Jean Charest a réitéré cet objectif tout en refusant de garantir que le budget sera effectivement équilibré. Hier, sa ministre a ouvert la porte à un déficit l'an prochain, alors que le gouvernement assurait en campagne électorale que l'équilibre budgétaire serait maintenu.

«Il est vrai que nous ressentons, jusqu'à maintenant, moins durement que nos partenaires le ralentissement de l'économie. Cependant, les prochains mois seront plus difficiles en raison de la détérioration de la conjoncture économique internationale», a affirmé Mme Jérôme-Forget cet avant-midi.

Dans un document explicatif annexé à l'énoncé économique, le portrait est plutôt sombre. Pour l'année 2009, cette détérioration de la conjoncture «assombrit les perspectives pour l'économie du Québec, l'une des économies les plus ouvertes du monde».

Depuis le 4 novembre, jour du dépôt de la mise à jour économique de la ministre, la veille du déclenchement des élections, «la prévision moyenne de croissance économique du secteur privé a été révisée à la baisse tant pour les États-Unis que pour le Canada». Pour le Québec, cette prévision de croissance faite par le secteur privé est passée de 0,7% à -0,5%, une baisse de 1,2 point de pourcentage, note le document.

Or, dans sa mise à jour du 4 novembre, Monique Jérôme-Forget prévoyait une croissance économique de 0,6% pour 2009. Le gouvernement doit donc revoir à la baisse ses prévisions, ce qui rend les finances publiques plus précaires.

«Dans le cas où le gouvernement se trouverait confronté à un impact plus important qu'anticipé de la détérioration de l'économie sur ses revenus, des choix difficiles seraient nécessaires pour pouvoir à la fois maintenir l'équilibre budgétaire et soutenir davantage l'activité économique», peut-on lire dans le document explication.

«Une option possible pour combler le manque à gagner aux revenus pourrait être de suspendre temporairement les versements annuels au Fonds des générations.»

Ces versements, 822 millions de dollars pour l'an prochain comme le prévoyait le gouvernement, proviennent des redevances d'Hydro-Québec.

En campagne électorale, Monique Jérôme-Forget avait reproché à la chef péquiste Pauline Marois de vouloir suspendre les versements au Fonds des générations pour financer son plan économique. «On réalise qu'elle pigera cet argent dans le Fonds des générations, autrement dit, qu'elle financera sa promesse à même la dette publique, mettant ainsi en péril la cote de crédit du Québec», disait-elle dans un communiqué.

La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a déposé aujourd'hui un énoncé économique qui concrétise six engagements pris par le Parti libéral en campagne électorale.

Pour contrer les effets du ralentissement économique, Québec crée un crédit d'impôt remboursable pour la rénovation résidentielle, au coût de 250 millions de dollars. Quelque 170 000 ménages toucheront un crédit moyen de 1470$ pour rénover la cuisine ou la salle de bain. Cette aide correspondra à 20% de la partie des dépenses admissibles qui excède 7500$, jusqu'à concurrence d'un crédit de 2500$.

Le gouvernement Charest bonifie le crédit d'impôt pour la production cinématographique et télévisuelle. Les taux de base passent de 29% à 35%, et de 39% à 45%.

Comme prévu, Québec augmentera le salaire minimum de 50 cents. Il atteindra donc 9$ l'heure à compter du 1er mai.

Le gouvernement accordera une contribution de un milliard de dollars sur deux ans à la SGF afin d'augmenter ses investissements dans des entreprises d'ici. Il fait passer ses investissements dans les infrastructures à 41,8 milliards de dollars d'ici 2013, une augmentation de 4,1 milliards par rapport au plan initial.

Enfin, avec le projet de loi déposé par le ministre de l'Emploi Sam Hamad, le gouvernement assouplit les règles concernant la gestion des caisses de retraite privées. Les employeurs auront dix plutôt que cinq ans pour résorber un déficit de solvabilité.