Jean Charest est revenu à la charge, lundi, avec les revendications traditionnelles du Québec auprès d'Ottawa, sans toutefois en ajouter de nouvelles, ni ouvrir la porte au débat constitutionnel.

Avec en fond de scène la crise financière qui secoue les États-Unis, l'économie doit plus que jamais primer sur la constitution, a tranché le premier ministre du Québec, en dressant sa liste de revendications à l'intention des chefs de partis fédéraux, en prévision du scrutin du 14 octobre.«Je ne proposerai pas aux Québécois de se lancer dans cette aventure (constitutionnelle). Au contraire, on doit mettre toute notre énergie sur les questions économiques», a-t-il dit en conférence de presse, en cherchant à se démarquer du chef de l'opposition officielle, Mario Dumont, et de la chef péquiste, Pauline Marois.

M. Charest s'était engagé à présenter une telle liste avant les débats des chefs, qui auront lieu mercredi et jeudi.

Il a dit s'attendre à une réponse des chefs à la lettre qu'il leur a fait parvenir lundi, tout en souhaitant que les chefs se prononceront également sur les moyens qu'ils prendraient pour minimiser l'impact, sur l'économie canadienne, de la crise qui secoue les marchés américains.

«De toute évidence, il y a un ralentissement qui va durer. Vous prévoyez faire quoi?», demande M. Charest à ceux qui aspirent devenir premier ministre du Canada.

La liste des revendications du Québec, qui touche une douzaine d'enjeux, reprend des thèmes connus et inclut notamment un meilleur encadrement du pouvoir fédéral de dépenser, une entente administrative sur la maîtrise d'oeuvre en matière de culture et de communications, la hausse des paiements de transfert pour l'éducation postsecondaire au niveau de 1994-1995, le pouvoir de participer au choix des juges à la Cour suprême et des sénateurs, un appui fédéral à la Bourse du carbone à Montréal et le respect de la compétence du Québec en matière de valeurs mobilières.

Dans sa lettre, M. Charest dit d'emblée qu'il préfère les ententes administratives, plus efficaces en termes de résultats, aux «confrontations stériles» émanant de débats constitutionnels.

Il dit quand même espérer que la reconnaissance de la nation québécoise, en novembre 2006, par la Chambre des communes, sera enchâssée dans la constitution, «le temps venu».

La liste du Québec s'appuie sur trois principes: le fédéralisme asymétrique, le respect des compétences du Québec et la reconnaissance de la différence québécoise.

M. Charest voudrait de plus que la stratégie fédérale de développement du Nord inclue des sommes pour le Nunavik, qu'Ottawa s'engage à offrir un train rapide dans le corridor Québec-Windsor et qu'on veille à rétablir les fonds versés aux organismes sans but lucratif voués au développement économique.

La chef du Parti québécois (PQ), Pauline Marois, ne s'est pas montrée du tout impressionnée par la liste de revendications de M. Charest.

En point de presse, elle a soutenu que cette initiative était la démonstration la plus éloquente «de l'échec du fédéralisme».

Elle a fait valoir que la plupart des dossiers présentés par M. Charest étaient de nature économique et qu'il aurait pu parvenir à des ententes avec Ottawa sans modifier la constitution, mais «rien n'a été réglé».