Arthur Porter a enfreint un guide d'éthique remis aux membres du Conseil privé de la reine lorsqu'il a versé des dons au Parti conservateur pendant qu'il siégeait au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS).

M. Porter, visé par un mandat d'arrêt de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), a siégé à ce comité de cinq personnes chargé de superviser les activités du Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS) de 2008 à 2011. À ce titre, il a eu accès à des documents hautement confidentiels.

Afin de pouvoir occuper ce poste de haute confiance, M. Porter a dû être nommé à un autre club sélect par le premier ministre Stephen Harper: le Conseil privé de la reine. Seuls les membres «honorables» de ce groupe peuvent siéger au CSARS.

Guide de conduite

Le CSARS ne prévoit aucun code de conduite régissant les activités politiques de ses membres. L'organisme a cependant dirigé La Presse vers un document, en ligne sur le site web du premier ministre, intitulé Pour un gouvernement responsable.

Ce guide propose des lignes directrices aux titulaires de charge publique, et les invite à bien réfléchir avant de s'adonner à des activités qui pourraient jeter un doute sur leur impartialité. On les met explicitement en garde contre les dons politiques.

«Un titulaire de charge publique a l'obligation absolue de prendre en considération les présentes lignes directrices avant de s'adonner à une activité politique et, dans le doute, de s'en abstenir», peut-on lire dans le document.

Or, l'ancien administrateur du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a versé 3300$ au Parti conservateur entre 2008 et 2011. Les deux premiers dons, qui atteignent 1100$, sont survenus les 11 et 15 août 2008, un peu plus de deux semaines avant sa nomination au CSARS.

Le porte-parole du premier ministre Harper, Carl Vallée, a indiqué qu'il n'y a aucun lien entre les dons politiques de M. Porter et sa nomination.

«Absolument pas, a indiqué M. Vallée. M. Porter était un membre respecté de sa communauté à l'époque et aucune des allégations qui font surface présentement n'était connue.»

M. Porter a démissionné du CSARS en 2011, après qu'un article du National Post a révélé sa fonction jusqu'alors inconnue d'ambassadeur plénipotentiaire de la Sierra Leone au Canada et ses liens d'affaires à l'étranger.

Avec quatre autres personnes, il est maintenant visé par un mandat d'arrêt de l'UPAC relativement à des tractations illégales entre SNC-Lavalin et le CUSM.

En entrevue avec La Presse à sa résidence de Nassau, aux Bahamas, Arthur Porter a défendu sa gestion du CUSM. Il a aussi indiqué que l'importance stratégique de son poste au CSARS a été exagérée.

Ses propos n'ont guère ému les leaders de l'opposition, hier. «Ce qui me préoccupe avec M. Porter, a dit le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, c'est de savoir comment quelqu'un avec son passé aussi trouble peut être nommé responsable des services de renseignement d'un pays du G8.»

Le chef libéral Bob Rae a accusé le gouvernement Harper d'avoir «changé les standards» pour nommer M. Porter au CSARS.

Le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, a rappelé que son parti a été le seul à s'opposer à la nomination, en 2008, justement à cause des antécédents du Dr Porter.

- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance