La ministre des Ressources humaines Diane Finley admet que les études détaillées sur les effets de la réforme de l'assurance-emploi que Québec exige depuis des semaines n'existent pas.

Mercredi, à l'issue d'une rencontre avec son homologue fédérale, la ministre québécoise Agnès Maltais a confié qu'elle en était venue à la conclusion qu'aucune étude d'impact approfondie n'avait été menée avant de mettre en branle la réforme.

Dans un très bref point de presse jeudi à Ottawa, Mme Finley lui a donné raison.

Mme Maltais «voulait avoir des détails qui n'existent pas», a-t-elle concédé, pressée de questions par les journalistes. Mme Finley a toutefois assuré avoir fait «plusieurs analyses comme toujours» lorsqu'un projet de loi est élaboré.

La ministre fédérale a également confirmé que c'est seulement après avoir vu les répercussions de la réforme qu'il pourrait y avoir des ajustements au programme.

«Nous allons regarder le progrès du programme, et s'il y a besoin de changements, on va faire des ajustements», a-t-elle signalé. Mme Maltais avait soutenu mercredi soir en conférence de presse que cette façon de faire n'avait «pas de sens».

Pour les partis d'opposition à la Chambre des communes, il est tout simplement «irresponsable» d'aller de l'avant sans avoir fait un examen approfondi des répercussions de la réforme.

«On ne peut pas heurter de plein fouet la vie des gens avec une totale improvisation comme ça, sans savoir qu'est-ce que ça va avoir comme conséquence pour les régions, pour les familles, les travailleurs, les travailleuses, les industries», s'est désolé le député néo-démocrate Alexandre Boulerice.

Pour le chef libéral Bob Rae, cela signifie que la réforme est avant tout «idéologique».

Syndicats

Au lendemain de la rencontre entre les deux politiciennes, c'était au tour des centrales syndicales québécoises de se présenter à Ottawa pour dénoncer la réforme.

Des représentants de la CSN et de la FTQ ont livré au Parlement 10 000 cartes postales et une pétition de 25 000 signataires québécois contre la réforme. Appuyés par des députés néo-démocrates, ils ont surtout promis qu'ils n'en resteraient pas là.

«C'est quand même incroyable, pour une réforme aussi importante, qu'on n'ait aucune étude, aucune analyse sérieuse (...). Il y a une majorité d'économistes qui se sont prononcés contre la réforme. Tout le monde est contre la réforme!», a plaidé Jean Lacharité, vice-président à la CSN.

La CSN et la FTQ jurent que leur campagne contre la réforme se poursuivra et prendra de l'ampleur jusqu'aux prochaines élections fédérales.

«C'est clair qu'on ne laissera pas passer ça, a averti M. Lacharité. Notre horizon, (si le gouvernement) ne recule pas dans les prochains mois, c'est octobre 2015.»

«Les quatre, cinq députés qui restent et qui sont ministres, je pense que leur carrière achève», a ajouté Michel Ducharme, président du Conseil régional FTQ Montréal métropolitain, à propos des élus conservateurs du Québec.

La réforme imposée par Ottawa force les chômeurs fréquents à accepter un emploi à 70 pour cent du dernier salaire touché et à une heure de route de leur domicile.

À Québec, on calcule que cela détruira certaines industries saisonnières. Le ministre québécois délégué au tourisme, Pascal Bérubé, a d'ailleurs soutenu en conférence de presse mercredi que le tourisme allait être l'une des premières industries à être frappées par «la tempête».

En conférence téléphonique, son homologue fédéral Maxime Bernier ne s'est pas du tout dit de cet avis.

«Je crois que la réforme de l'assurance-emploi va être bénéfique pour tous les secteurs d'activités économiques au Canada, incluant l'industrie touristique», a-t-il assuré.