La dispute à l'origine de l'arrestation de Patrick Brazeau aurait éclaté au sujet du dossier autochtone, peut-on lire dans la demande de mandat de perquisition présentée par le Service de police de la Ville de Gatineau.

Le document obtenu par La Presse relate de manière troublante les évènements violents qui se seraient déroulés dans les heures qui ont précédé la mise en accusation du sénateur du Québec pour voies de fait et agression sexuelle.

Un interdit de publication a été ordonné par la cour dans ce dossier et il vise l'identité de la victime.

Selon la version des faits de cette dernière, relatée par les policiers, la dispute aurait éclaté «concernant la problématique du dossier autochtone». La «dénonciation en vue d'obtenir un mandat» ne donne pas de détails quant à la nature exacte du différend. Les policiers précisent seulement: «Elle ne le supporte pas».

Lui-même autochtone, le sénateur Brazeau a été impliqué dans une série de controverses entourant ce dossier au cours des derniers mois. Alors qu'il siégeait toujours dans le caucus conservateur, il a formulé des critiques acerbes et souvent mal reçues par rapport au mouvement Idle No More et à la gestion de certaines communautés. Le soir précédant son arrestation, le réseau CTV a aussi rapporté que pendant plusieurs années, il avait fourni aux autorités du revenu une fausse adresse dans une réserve pour profiter d'exemptions fiscales.

Poussée en bas des escaliers

Le ton aurait donc monté et Patrick Brazeau serait devenu agressif. Il aurait frappé la victime aux bras à plusieurs reprises. Il lui aurait craché au visage en l'insultant et lui aurait mis la main autour du cou pour l'étrangler.

La violence était telle, selon ces allégations présentées aux policiers, que M. Brazeau lui aurait aussi fait subir des attouchements sexuels brutaux et l'aurait poussée dans les escaliers.

Deux appels auraient été faits au 9-1-1. Dans le premier, à 9h04, la victime «en pleurs» aurait seulement dit, avant de raccrocher: «Oui, allô, c'est la police». Dans le deuxième, deux minutes plus tard, elle aurait précisé avoir été frappée et identifié le sénateur comme étant son agresseur.

Lors de l'arrivée de la police, M. Brazeau était enfermé dans une pièce.

«Non coupable»

Dans les heures qui ont suivi l'arrestation, les policiers ont réclamé un mandat pour trouver un soutien-gorge, une chemise et un bouton de pantalon. Ils auraient été déchirés lors de l'altercation et pourraient servir d'éléments de preuve.

On ignore toujours la version des faits de l'accusé, qui a plaidé non coupable lorsqu'il a comparu le lendemain des évènements au palais de justice de Gatineau. On ignore aussi ce qu'il a dit à la police lors de son arrestation. Il doit revenir en cour le 22 mars.

Depuis l'incident, la seule déclaration publique de M. Brazeau a été faite sur Twitter, un soir de la semaine dernière. Il y a rédigé un bref poème, suggérant qu'il était blessé, mais qu'il n'était pas mort et qu'il se relèverait.

Stephen Harper, qui l'a lui-même nommé au Sénat, l'a expulsé du caucus conservateur à peine quelques heures après l'incident. Ses collègues sénateurs lui ont quant à eux imposé un congé. Bien qu'il continue à toucher son salaire en attendant l'issue du procès, il ne pourra pas participer aux débats de la Chambre haute et son utilisation des ressources parlementaires devra être autorisée par le comité de régie interne.