Une vingtaine de demandeurs iraniens de résidence permanente au Canada ont déposé hier à Montréal une poursuite contre le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, pour le forcer à rendre une décision dans leur dossier.

Dans leurs procédures en mandamus déposées en Cour fédérale, ces demandeurs sélectionnés par le Québec dans les programmes des travailleurs qualifiés et des investisseurs allèguent que les délais de traitement, qui s'étendent sur plus de deux ans, sont déraisonnables.

Ces nouveaux recours intentés contre Ottawa s'ajoutent à plusieurs autres déposés au cours des derniers mois. Ils dénoncent les nombreux retards et certaines décisions prises par le ministre Kenney, comme celle annoncée dans le budget 2012 d'abolir un arriéré de plusieurs dizaines de milliers de demandes dans le cadre du programme des travailleurs qualifiés. «Notre objectif principal est d'attirer l'attention du gouvernement du Québec pour qu'il agisse et fasse quelque chose par rapport à un nombre important de dossiers qui sont en attente», a déclaré Ali Mokhtari, consultant en immigration de Montréal qui coordonne le dossier avec des avocats du cabinet Rochefort et Associés.

Selon M. Mokhtari, ces retards violent les pouvoirs du gouvernement du Québec en matière d'immigration, puisque Ottawa bloque les dossiers d'immigrants sélectionnés par la province.

Le consultant d'origine iranienne accuse en outre le gouvernement fédéral de discrimination à l'endroit des demandeurs provenant de l'Iran pour des raisons politiques. En effet, les relations sont particulièrement tendues entre le Canada et le régime du président de la République islamique, Mahmoud Ahmadinejad, depuis la fermeture de l'ambassade du Canada à Téhéran, il y a quelques mois.

«Pas de discrimination»

«Le gouvernement du Canada ne fait pas de discrimination sur la base du pays d'origine des demandeurs», a affirmé Nancy Caron, porte-parole du ministère de l'Immigration.

La porte-parole a de plus expliqué que la fermeture d'ambassades en Iran et en Syrie au cours des derniers mois avait augmenté la charge de travail d'autres bureaux de traitement où les demandes d'immigration avaient été acheminées.

M. Mokhtari a quant à lui souligné que le nombre initial d'une vingtaine de requérants pourrait augmenter rapidement, puisque la situation touche plusieurs centaines de demandeurs. Une pétition publiée sur internet et qui fait état des mêmes problèmes a d'ailleurs été signée par plus de 1000 personnes. Comme les requérants dans la poursuite intentée hier, ils dénoncent le fait que leurs dossiers semblent être bloqués au bureau d'Ankara, en Turquie.