Les chefs des Premières Nations du Canada mettent différences et différends de côté pour un moment et unissent leurs voix pour réclamer une nouvelle rencontre avec le premier ministre Stephen Harper, dans le but de mettre fin au jeûne de la chef d'Attawapiskat Theresa Spence.

L'exécutif de l'Assemblée des Premières Nations (APN) a appuyé la demande par écrit et envoyé une lettre à M. Harper au cours de la fin de semaine. Celle-ci demande qu'une nouvelle rencontre soit tenue dès jeudi, date à laquelle le chef de l'APN Shawn Atleo pourrait être de retour au travail.

Le chef Atleo a soudainement pris un congé de maladie après une rencontre controversée avec M. Harper il y a 10 jours, en pleine crise de leadership de l'APN. Il a annoncé dans un communiqué lundi qu'il serait de retour au travail plus tard cette semaine.

Contrairement au sommet controversé tenu le 11 janvier, la nouvelle réunion proposée par les chefs devra inclure la présence du gouverneur général, David Johnston, de même que celle de plusieurs leaders autochtones.

Le but de la rencontre est que la chef de la pauvre communauté ontarienne d'Attawapiskat arrête sa grève de la faim, a expliqué Morley Googoo, chef régional pour Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse.

Un porte-parole de la chef Spence, Danny Metatawabin, a indiqué qu'elle était d'accord avec cette requête.

«Nous avons tous besoin de travailler ensemble, a-t-il résumé, ajoutant que la chef se sentait en forme et heureuse lundi, malgré le fait qu'elle ne se nourrit que de bouillon de poisson et de tisane médicinale depuis six semaines.

M. Harper n'a toujours pas donné suite à la demande. Son porte-parole Andrew MacDougall a indiqué qu'il répondrait à la lettre «en temps et lieux» et que le premier ministre aura une rencontre en tête à tête avec le chef de l'APN, Shawn Atleo.

Le gouverneur général n'a pas participé à la dernière rencontre puisque c'est le gouvernement qui prend les décisions politiques au Canada, et non le représentant de la reine, a expliqué M. MacDougall. Il a toutefois concédé que le gouvernement était sous pression de présenter des résultats qui mèneront à des améliorations dans les conditions de vie des autochtones.

Le chef Googoo a indiqué que la meilleure façon pour M. Harper de démontrer sa bonne volonté était d'acquiescer à la réunion du 24 janvier, qui s'ajouterait à son tête-à-tête avec le chef Atleo pour travailler sur la mise en oeuvre de traités et de revendications.

Jeudi est la date privilégiée par l'APN pour une nouvelle rencontre, a-t-il expliqué, puisqu'il s'agit du premier anniversaire du sommet que MM. Harper et Johnston ont organisé avec les chefs dans l'espoir de revoir les relations entre la Couronne et les Premières Nations - des relations fort négligées, selon les Autochtones.

L'APN se rend toutefois compte qu'elle devra faire preuve de flexibilité puisque la date arrive rapidement, a indiqué M. Googoo.

Il a dit espérer qu'une promesse de participation à la réunion suffirait pour que Mme Spence arrête son jeûne.

M. Harper avait acquiescé à la dernière réunion mais le fait qu'il a exclu M. Johnston et prévu l'ordre du jour a mené plusieurs chefs - dont Mme Spence - à boycotter la rencontre et à questionner le leadership de M. Atleo, qui a participé à la rencontre malgré d'importantes manifestations.

Dans son communiqué de lundi, le chef Atleo a appelé à l'unité et à une discussion rationnelle sur les différends internes. Il a également ouvert la porte à des changements structurels au sein de l'organisation nationale, notant que des conflits avaient mené à des changements dans l'organisation par le passé.

Des chefs en colère n'ont pas exprimé publiquement leurs critiques envers M. Atleo, mais ils demeurent toutefois préoccupés par son leadership.

Le chef régional de l'Ontario, Stan Beardy, a avoué qu'il y avait des préoccupations au sujet du leadership de M. Atleo, mais qu'il était plus pressant d'aborder le fait que Theresa Spence a indiqué qu'elle continuerait son jeûne jusqu'à ce qu'une nouvelle rencontre ait lieu.