Loin de virer à l'affrontement, la première rencontre entre Pauline Marois et Stephen Harper a été «presque chaleureuse». La première ministre du Québec a mis sur la table la «gouvernance souverainiste», sans toutefois faire de demandes précises à son homologue fédéral.

Les deux chefs de gouvernement ont eu leur premier entretien à Kinshasa, samedi, quelques heures avant l'ouverture officielle du 14e Sommet de la Francophonie. «Ça a été très positif, très cordial, je dirais même presque chaleureux», a affirmé Pauline Marois après la rencontre qui a duré environ 25 minutes.

«Nous avons convenu ensemble que lui étant fédéraliste et moi souverainiste il était possible, cependant, pour l'intérêt des Québécois, d'arriver à des ententes sur le respect de nos compétences», a-t-elle ajouté.

La première ministre a «abordé la question de la gouvernance souverainiste». Rappelons que cette stratégie vise à obtenir des pouvoirs d'Ottawa en attendant un référendum sur la souveraineté -il paraît très éloigné, voire impossible à tenir pour le moment en raison du mandat minoritaire du Parti québécois.

«J'ai dit à M. Harper que nous étions un gouvernement souverainiste, que nous allions travailler au respect de nos compétences. Et déjà dans nos champs de compétence, il y a nécessité de rapatrier certaines sommes d'argent qui sont dévolues entre autres à la culture. Mais nous n'avons pas précisé les champs que nous allions débattre», a-t-elle affirmé.

Pauline Marois n'a donc pas précisé ses demandes. «Je n'ai pas abordé de dossiers spécifiques autrement qu'en disant que nous allions aller dans le sens de défendre nos intérêts, de nous assurer que nos compétences allaient être respectées et que, dans certains cas, ça exigerait que certaines sommes soient rapatriées au Québec. Mon intention n'était pas d'aborder de dossiers spécifiques, ce que je n'ai donc pas fait. J'ai indiqué à M. Harper que nous aurions l'occasion d'échanger éventuellement à nouveau sur d'autres thèmes, dont la question de certains pouvoirs à rapatrier», a-t-elle expliqué.

En campagne électorale, Pauline Marois a dit vouloir rapatrier l'assurance-emploi, ainsi que les pleins pouvoirs en matière de langue, de culture et de communications.

Elle a «senti que M. Harper était prêt à entendre le point de vue du Québec». «Il a répété qu'il souhaitait aussi que les compétences québécoises soient respectées, et nous en sommes arrêtés là», a-t-elle ajouté.

Lors de cette «excellente rencontre», elle a «offert à M. Harper toute la collaboration du Québec pour que les Québécois soient bien servis».

Les deux premiers ministres ont également échangé sur l'accord économique en cours de négociation entre le Canada et l'Europe. Pauline Marois a insisté sur l'importance de «l'exemption culturelle», une clause qui vise à mettre la culture à l'abri des lois du marché.

Deux autres dossiers économiques ont été abordés: le gisement pétrolier Old Harry -un litige oppose le Québec et Terre-Neuve au sujet de la frontière maritime- et la diversification de l'économie de la région de l'amiante (Asbestos et Thetford Mines).

Stephen Harper n'a pas donné de point de presse pour faire le bilan de la rencontre. Selon son porte-parole, Carl Vallée, «le premier ministre a rappelé qu'il va continuer de respecter les champs de compétence des provinces, tout en défendant les compétences du gouvernement fédéral». Ce fut selon lui une «rencontre cordiale».