Les diplomates du Canada figurent parmi ceux qui ont décidé de s'absenter durant le discours du président de l'Iran, Mahmoud Ahmadinejad, à la tribune de la 67e assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), mercredi, à New York.

La décision avait été communiquée mercredi matin par le personnel politique du ministre des Affaires étrangères du Canada, John Baird. Seuls les diplomates des États-Unis et d'Israël ont agi de la même façon que le Canada.

La délégation canadienne était aussi sortie de la salle lorsque le président iranien avait pris la parole à l'assemblée générale de l'ONU de 2011, mais la récente décision d'Ottawa de fermer son ambassade en Iran accentue les tensions entre les deux pays.

«Nous ne resterons pas assis silencieusement à écouter les vues haineuses, anti-occidentales et antisémites de l'Iran», avait exprimé par communiqué, avant le discours, le porte-parole de M. Baird, Rick Roth.

M. Baird a formulé des commentaires du même ordre après l'allocution du président iranien.

«Nous ne voulons pas être associés, d'aucune façon, aux divagations d'un marchand de haine, d'un antisémite. Nous ne voulions pas donner de crédibilité à son discours en y assistant», a-t-il lancé aux journalistes, à Ottawa.

«Le discours d'aujourd'hui renforce notre décision de suspendre nos relations diplomatiques avec l'Iran», a pour sa part indiqué M. Roth.

En conférence de presse après son discours, Mahmoud Ahmadinejad s'est montré peu préoccupé par le Canada.

«Chaque pays est libre d'entretenir des relations avec d'autres pays ou non», a-t-il déclaré.

«Je ne considère pas que cette affaire est importante. Évidemment, notre relation économique avec le Canada n'était pas substantielle.»

M. Ahmadinejad n'a pas fait mention du Canada durant son discours, mais une déclaration émise mercredi par l'agence officielle de nouvelles de la République islamique attirait l'attention.

Les propos, attribués au ministère des Affaires étrangères de l'Iran, mettaient en garde les citoyens iraniens qui seraient tentés de venir au Canada, citant une «islamophobie», une «iranophobie» et un «double standard» au Canada sur les droits de la personne.

«Des expatriés iraniens ont été arrêtés et expulsés pour divers motifs. Des Iraniens au Canada sont privés de leurs droits fondamentaux comme ceux de continuer leurs activités quotidiennes, d'avoir accès à leurs comptes de banque ou de faire de simples transactions», lisait-on dans la déclaration du ministère des Affaires étrangères iranien.

«C'est absolument ridicule que le président iranien dise quelque chose comme ça», a répliqué M. Baird, attribuant les propos à M. Ahmadinejad.

Le 7 septembre, M. Baird a annoncé abruptement que le Canada fermait son ambassade à Téhéran et ordonnait au personnel de l'ambassade iranienne à Ottawa de quitter le pays dans un délai de cinq jours.

M. Baird livrera un discours à l'ONU lundi prochain. Il abordera les «grands enjeux» que représentent la Syrie, l'Iran et l'importance que le Canada accorde aux droits humains et à la liberté, pour reprendre l'expression du ministre, qui n'écarte pas la possibilité de renforcer les sanctions déjà imposées à l'Iran.

«On était toujours prêt à faire plus. On était toujours prêt à faire beaucoup plus, a-t-il soutenu. On travaille ensemble avec nos alliés pour avoir les sanctions plus fortes.»

Par le passé, Mahmoud Ahmadinejad avait profité de sa tribune aux Nations unies pour attaquer Israël, émettre des doutes sur l'Holocauste et remettre en question le bilan américain des attaques du 11-Septembre.

Mercredi, le président iranien a livré sa vision d'un nouveau monde sans «l'hégémonie de l'arrogance», et a évoqué une «menace persistante par des sionistes barbares de l'usage d'une action militaire contre notre nation».

Il n'a pas fait mention du programme nucléaire iranien, qui suscite les craintes du Canada, des États-Unis et d'Israël, notamment, quant à ses possibles visées militaires.

Le député libéral de Mont-Royal, Irwin Cotler, avait réclamé par écrit au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, d'empêcher le président iranien de s'adresser à l'assemblée générale.

Le premier ministre Stephen Harper avait décidé de ne pas prendre la parole à l'ouverture de l'assemblée automnale de l'ONU.