Le premier ministre Stephen Harper a donné l'assurance à son homologue de la Saskatchewan, Brad Wall, que le gouvernement fédéral n'accordera aucun traitement de faveur au Québec dans la foulée de l'élection d'un gouvernement péquiste minoritaire.

M. Harper a écarté d'une manière sans équivoque toute tentative d'apaisement venant du gouvernement souverainiste de Pauline Marois durant un entretien téléphonique avec M. Wall, au pouvoir de la Saskatchewan depuis 2007.

M. Wall a relaté l'essentiel des propos que M. Harper lui a confié à des journalistes de sa province mercredi. Le quotidien Leader-Post de Regina a fait état de la conversation entre les deux hommes dans son édition d'hier.

«Je pense que le pays a beaucoup changé depuis la dernière fois qu'il y a eu un gouvernement péquiste au pouvoir à Québec. Le pays a changé à un tel point que nous nous attendons à ce que le gouvernement fédéral continue de traiter les provinces d'une manière équitable et qu'il n'y ait aucun traitement particulier pour quelque province que ce soit - le Québec ou tout autre gouvernement», a dit M. Wall.

Cette assurance s'ajoute aux déclarations du premier ministre et à celles de ses ministres à la suite de la victoire des troupes de Pauline Marois selon lesquelles le gouvernement Harper fait de l'économie sa priorité absolue et qu'il n'est guère intéressé par les «vieilles chicanes constitutionnelles du passé».

Le ministre de l'Industrie et lieutenant politique de M. Harper au Québec, Christian Paradis, a soutenu que ce serait «business as usual» sur le front des relations entre Ottawa et Québec, malgré l'arrivée au pouvoir d'un premier gouvernement souverainiste en près de 10 ans.

Mais que Harper ait pris le temps de le réitérer à Brad Wall revêt une certaine importance. M. Wall est considéré comme le premier ministre de la province qui a le plus d'influence auprès de Stephen Harper et de son gouvernement.

À preuve, M. Wall a forcé le gouvernement Harper à bloquer la tentative d'achat de la firme saskatchewanaise PotashCorp par la société australienne BHP Billiton en novembre 2010. Cette décision controversée avait été prise après que M. Wall eut mené une vive campagne contre la vente de cette entreprise en invoquant l'importance stratégique de la potasse comme ressource naturelle, nécessaire à la fabrication d'engrais.

Entretien avec Charest et Legault

Au bureau de M. Harper, un porte-parole du premier ministre, Carl Vallée, a confirmé que les deux leaders se sont entretenus mercredi, mais a refusé de dévoiler la teneur de leur conversation, disant que celle-ci était «privée».

M. Vallée a toutefois indiqué que M. Harper s'est entretenu mercredi avec Jean Charest, qui a démissionné comme chef du Parti libéral du Québec, ainsi qu'avec François Legault, chef de la Coalition avenir Québec.

Hier, le chef du Bloc québécois, Daniel Paillé, a salué à Ottawa la victoire du Parti québécois aux élections de mardi. M. Paillé, qui n'a pas de siège à la Chambre des communes et qui dirige un parti ne comptant plus que quatre députés à Ottawa, a soutenu que cette victoire constitue une avancée pour le mouvement souverainiste.