Le premier ministre Stephen Harper n'a pas caché ses intentions, mercredi, de parler de la situation économique difficile que vit l'Europe avec le nouveau président français, François Hollande, qu'il rencontrera ce jeudi à Paris.

Alors que M. Hollande a promis d'augmenter les dépenses de l'État pour relancer l'économie, M. Harper martèle que le Canada se concentre plutôt sur l'approche du contrôle strict des dépenses.

La Banque centrale européenne garde les taux d'intérêt stables, et elle n'a pas indiqué mercredi qu'elle prévoyait les baisser le mois prochain afin de stimuler l'économie chancelante de la zone euro.

Elle ne prévoit pas non plus approuver davantage de mesures de stimulation.

Avant une rencontre avec des gens d'affaires à Londres, mercredi, M. Harper a déclaré que la situation en Europe est l'objet depuis quelque temps d'une «attention soutenue», et que ce sera encore le cas dans les jours et les semaines à venir.

Le premier ministre canadien a aussi affirmé que le Canada, au cours des dernières années, avait tenté de se concentrer sur ce qu'il pouvait faire pour assurer la croissance de l'économie à moyen et à long terme, et ce malgré la tourmente qui subsistait dans diverses parties du monde.

«Nous avons des plans assez énergiques pour maintenir une position fiscale forte, pas simplement pour les années à venir, mais aussi pour les générations futures. Nous avons adopté des mesures de consolidation fiscale agressives à long terme», a déclaré M. Harper.

Selon le premier ministre, le Canada s'est concentré à alimenter sa propre croissance économique et à adopter une approche énergique pour garder le contrôle de ses coûts.

La position de François Hollande sur les moyens pour résoudre la crise de la dette diffère de celle d'autres leaders européens, dont le premier ministre anglais David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel. Le président socialiste a d'ailleurs remporté sa lutte contre Nicolas Sarkozy en promettant entre autres de renégocier le pacte allemand enchâssant des limites au pouvoir de dépenser au sein de l'Union européenne.

Il n'est pas possible de savoir si MM. Cameron et Harper ont discuté du président Hollande, ou de la crise européenne de la dette lors de leur rencontre, mercredi.

Lors de son arrivée au pouvoir en 2010, David Cameron a imposé d'importantes réductions de la taille de l'État après avoir hérité d'un déficit budgétaire équivalent à environ 10 pour cent du PIB.

Le gouvernement conservateur de Stephen Harper a adopté une approche similaire.

L'un des hommes d'affaires qui a rencontré le premier ministre lors de son passage à Londres a répété l'appel de M. Harper pour que l'Europe pose des gestes plus déterminés dans le but de régler la crise.

«L'incertitude est mortelle pour les affaires; cela signifie que les investissements ne peuvent aller de l'avant et que vous ne savez jamais vraiment où tout cela va s'arrêter», a laissé entendre Robert Brant, président de la Chambre de commerce Canada-Royaume-Uni.

«Lorsque vous ne savez jamais où se situe le point le plus bas, cela devient très difficile de planifier quoi que ce soit. Beaucoup de gens d'affaires attendent donc et espèrent que peu importe la direction que prendront les choses, il y aura une sorte de conclusion.»

Au Canada, le chef libéral intérimaire Bob Rae a affirmé que M. Harper ne devait pas faire la leçon aux Européens en matière d'intégration fiscale, alors qu'il n'a pas organisé une seule réunion avec toutes les provinces depuis son arrivée au pouvoir.

«Les Européens ont eu plus de rencontres en une semaine que nous n'en avons eu en six ans, et il a le culot de dire aux Européens ce qu'ils devraient faire pour gérer leur économie? C'est sidérant», a lancé M. Rae.

«Stephen Harper fait semblant qu'il peut se présenter comme un modèle pour gérer quelque chose. S'il gérait l'Europe, le continent tomberait complètement en ruines. Il dirigerait le tout comme Louis XIV.»