Près d'un Québécois sur deux ignore le nom de son député fédéral. Le quart des Québécois croit que Gilles Duceppe est toujours le chef du Bloc québécois. Mais 76% d'entre eux savent que Thomas Mulcair dirige maintenant le Nouveau Parti démocratique (NPD).

Un an après la vague orange qui a déferlé sur le Québec et permis au NPD de remporter un nombre record de 59 sièges dans la province, les Québécois semblent être toujours en train de se familiariser avec la nouvelle dynamique politique qu'ils ont instaurée à la Chambre des communes dans la foulée des élections du 2 mai 2011. Mais s'ils mélangent certains acteurs politiques, ils n'éprouvent aucun regret d'avoir remodelé ainsi la carte électorale.

C'est du moins les conclusions qui se dégagent d'un sondage mené par la firme CROP pour le compte de La Presse afin d'évaluer les perceptions des Québécois à l'égard de la politique canadienne.

Ce sondage, qui a été réalisé en ligne auprès de 800 personnes les 25 et 26 avril, a permis de constater que 52% des Québécois sont en mesure de nommer correctement leur député et que 48% des répondants ne peuvent le faire.

En outre, 33% des répondants ont pu nommer deux ministres québécois du gouvernement Harper. Les ministres jouissant de la plus grande notoriété sont le ministre d'État responsable des petites et moyennes entreprises, Maxime Bernier (40%), et le ministre de l'Industrie et lieutenant politique de Stephen Harper au Québec, Christian Paradis (26%). Le ministre des Transports, Denis Lebel, arrive au troisième rang avec 18%.

«C'est assez particulier de constater que les Québécois ont voté pour de nouveaux députés, mais que la moitié d'entre eux ne connaissent pas encore leur nom», a lancé hier Youri Rivest, vice-président de la firme CROP.

Tout comme ce fut le cas lors du scrutin de l'an dernier, le grand perdant de ce coup de sonde est le Bloc québécois. D'abord, seulement 34% des Québécois connaissent le nouveau chef du parti, Daniel Paillé, et 27% des répondants pensent que Gilles Duceppe est toujours à la tête de la formation souverainiste même s'il a remis sa démission le soir des élections du 2 mai 2011, après avoir perdu son propre siège et vu son parti faire élire quatre députés seulement.

À titre de comparaison, 59% des Québécois ont été en mesure de nommer le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae.

«Le Bloc québécois a beaucoup de travail à faire. En marketing, on dit qu'on doit d'abord se faire connaître, ensuite on se fait considérer et on peut convaincre les gens de nous appuyer. Mais dans le cas de Daniel Paillé, il est loin de convaincre les gens. Il faut d'abord qu'il se fasse connaître», a analysé M. Rivest.

Ce sondage démontre aussi que le NPD et son nouveau chef, Thomas Mulcair, jouissent de l'estime des Québécois. D'abord, Thomas Mulcair arrive en tête dans le palmarès des politiciens les plus appréciés des électeurs (27%), tandis que Gilles Duceppe, même à la retraite, arrive bon deuxième (13%). Les députés libéraux Justin Trudeau et Denis Coderre sont ex aequo au troisième rang avec 11%.

Ensuite, 38% des Québécois estiment que le NPD est le parti le mieux placé pour défendre les intérêts du Québec à Ottawa. À ce titre, il supplante même le Bloc québécois (34%), une situation impensable il y a un an. Le Parti libéral arrive troisième avec 19% et le Parti conservateur dernier avec 8%.

Enfin, plus des deux tiers des Québécois (70%) estiment que l'élection d'une majorité de candidats du NPD au Québec a été une bonne décision.

«Cela démontre que le NPD est en train de s'enraciner au Québec. La défense des intérêts du Québec a toujours été le fonds de commerce du Bloc québécois par le passé. Il perd son avantage concurrentiel et cela est de très bon augure pour le NPD», a soutenu M. Rivest.

Par ailleurs, les Québécois préfèrent dans une proportion de 76% un gouvernement minoritaire à Ottawa. Mais s'ils jugent sévèrement le travail du gouvernement conservateur majoritaire (69% des répondants le jugent plutôt mauvais ou très mauvais), une proportion importante de Québécois approuve la diminution du financement public accordé aux partis politiques (76%), le durcissement des peines aux criminels récidivistes (56%) et les compressions des dépenses annoncées dans le dernier budget (53%).

Toutefois, peu de répondants appuient l'abolition du registre des armes (21%) ou le retrait du Canada du protocole de Kyoto (19%).

«Ces résultats démontrent que les conservateurs ont des problèmes à communiquer leurs mesures au Québec», a conclu M. Rivest.