Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a déclaré au chef du NPD, Jack Layton, qu'il était préoccupé par la légitimité d'un gouvernement de coalition et qu'il doutait de la capacité de leurs deux partis de travailler ensemble en raison de leurs différences culturelles.

M.Ignatieff aurait fait cette déclaration quelques jours avant le vote crucial sur le budget 2009, le 13janvier. Les libéraux avaient alors sauvé le gouvernement Harper et mis fin aux espoirs des deux formations de prendre le pouvoir grâce à l'appui du Bloc québécois.

 

Un politicien «conservateur»

Dans un nouveau livre à paraître samedi, le stratège néo-démocrate Brian Topp critique Michael Ignatieff, qu'il décrit comme un politicien «méfiant» à l'«idéologie conservatrice», qui était opposé dès le départ à l'idée de coalition.

«L'équipe de Michael Ignatieff croyait qu'il pourrait remporter la direction du Parti libéral en mai. Pourquoi risquer cela dans une entente totalement novatrice avec nous?» écrit M.Topp dans son mémoire How We Almost Gave the Tories The Boot (The Inside Story Behind the Coalition), qui pourrait se traduire par: «Comment nous avons presque renversé les conservateurs (Les coulisses de la coalition)». Selon lui, le clan Ignatieff avait bon espoir de prendre les rênes du Parti libéral en mai 2009, pour ensuite provoquer des élections au printemps ou à l'automne de la même année.

Brian Topp, originaire de Montréal, a dirigé les trois dernières campagnes électorales du Nouveau Parti démocratique. Dans son livre, il dresse un portrait chronologique des événements, des négociations à l'hôtel Sheraton d'Ottawa aux nombreux échanges par BlackBerry jusqu'à l'échec ultime de la tentative de créer une coalition.

Dans ces écrits un peu plus substantiels que ceux qui avaient été publiés en six parties sur le site web du Globe and Mail en novembre dernier, M.Topp explique aussi que le NPD travaillait à ce projet de coalition depuis la dernière campagne électorale.

Son parti avait une lettre prête à être envoyée aux autres formations de l'opposition pour en discuter, si les conservateurs revenaient au pouvoir.

Le soir des élections, Jack Layton a même tenté d'aborder la question avec l'ancien chef libéral Stéphane Dion, lors d'un appel de courtoisie, mais en vain. «Dion était clairement atterré par les résultats et il a dit à Layton que ce n'était pas le moment pour considérer ces options», s'est souvenu l'auteur.

L'erreur de Duceppe

La principale erreur stratégique de la coalition, croit M.Topp, a été de rendre le chef souverainiste Gilles Duceppe trop visible.

M.Duceppe siégeait à la même table que les deux autres chefs de parti à la conférence de presse «historique» au cours de laquelle ils ont présenté leur entente aux journalistes.

Le chef bloquiste était à la une de tous les journaux le lendemain matin, dans tous les bulletins d'information le jour même.

«À la lumière de la façon dont les choses se sont passées au Canada anglais, il aurait été sage que Gilles Duceppe réserve ses commentaires pendant un jour ou deux.»