Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a prononcé un discours à forte saveur souverainiste, hier, à l'Université d'Ottawa.

La manoeuvre s'inscrit dans ce que le Globe and Mail a décrit cette semaine comme une offensive concertée du Bloc et du Parti québécois pour remettre la souveraineté à l'avant-scène du débat politique.

Elle marque également le début d'une année aux anniversaires multiples pour le mouvement souverainiste : les 20 ans d'existence du Bloc québécois et de l'entrée de Gilles Duceppe en politique; les 15 ans du référendum de 1995 et les 30 ans de celui de 1980 ; ainsi que les 20 ans de l'échec de l'accord du lac Meech.

Le chef du Bloc a repris le thème adopté le matin même par son porte-parole en matière de Finances, Daniel Paillé, dans une lettre ouverte publiée dans les pages Forum de La Presse : l'orientation «pro-pétrole» du gouvernement fédéral nuit au développement économique du Québec.

«Vingt ans après Meech, le Québec est de plus en plus mal servi aux niveaux économique, environnemental, en matière d'éducation, de recherche, de culture, de langue et de citoyenneté», a dit Gilles Duceppe devant des étudiants réunis dans un amphithéâtre de l'établissement, qui se décrit comme «l'université canadienne».

«Quand les Québécois réaliseront que l'espoir d'une réforme du fédéralisme est illusoire et que la seule voie d'avenir pour le Québec, c'est la liberté politique, à ce moment-là, nous serons prêts à mettre en oeuvre un projet de souveraineté clair et emballant.»

À la hausse

En entrevue à La Presse plus tard dans la journée, le chef bloquiste a reconnu que les sondages en faveur de la souveraineté sont «légèrement à la hausse» depuis cinq mois. Mais ce n'est pas ce qui l'a décidé à parler haut et fort de la nécessité de séparer le Québec du Canada, a-t-il insisté. «On l'a toujours fait. Sauf que l'actualité, peut-être, rejoint plus notre discours.»

À Calgary, au début de la semaine, le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a dénoncé l'approche environnementale du Québec. Mais Gilles Duceppe soutient que son parti avait déjà pris la décision de faire de 2010 une année de réflexion.

«On veut voir: qu'est-ce qui s'est passé depuis 20 ans? Est-ce qu'il y a des chances que le Québec trouve sa place au sein du Canada?» a-t-il demandé.

«Moi, mon analyse, c'est qu'il y a à peu près 40% de souverainistes très convaincus au Québec et 40% de fédéralistes, dont une bonne partie croit que le Canada est réformable. Il faut faire la preuve qu'il ne l'est pas», a-t-il ajouté.

«On n'arrête pas de nous dire que le fruit n'est pas mûr. Moi, je dis que ce n'est pas le fruit. L'arbre est pourri.»