Au terme de la réunion hivernale de son caucus, Michael Ignatieff a voulu fouetter ses troupes, mercredi, en leur soulignant qu'elles devaient cesser de croire qu'il revient d'office au Parti libéral du Canada de former le gouvernement.

Si les libéraux seront de retour au travail dès la semaine prochaine, malgré la prorogation du Parlement jusqu'au début mars, il ne faut pas oublier que le pouvoir n'est pas encore entre leurs mains, a souligné le leader du PLC à ses députés et sénateurs.

«Nous parlons trop facilement dans ce parti d'être naturellement le parti du gouvernement. Si je peux accomplir une chose, en tant que chef de ce parti, c'est de sortir cela de notre vocabulaire», a lancé M. Ignatieff en conclusion de la réunion de son caucus.

«Nous devons gagner la confiance des Canadiens tous les jours, électeur par électeur. (...) Et quand nous aurons gagné cette confiance, nous serons le prochain gouvernement du Canada», a-t-il conclu.

Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Parti libéral du Canada a été au pouvoir une quarantaine d'années, ce qui représente environ les trois quarts des années écoulées.

Les conservateurs et les progressistes-conservateurs, en revanche, ont dû se contenter d'un bien plus petit nombre de mandats. Et outre le règne de Brian Mulroney, dans les années 1980, seul John Diefenbaker a tenu le pouvoir plus de quelques mois, au tournant des années 1960.

Michael Ignatieff a par ailleurs détaillé mercredi la semaine de travail qui attend ses députés la semaine prochaine, date prévue du retour en Chambre dans le calendrier parlementaire. Ceux-ci tiendront des tables rondes sur la création d'emploi, la condition féminine, les anciens combattants, la maladie mentale et le système de santé.

A raison d'une rencontre par jour, à laquelle seront invités les médias, les membres du parti se pencheront également sur la gouvernance, mardi prochain. D'anciens présidents d'agences indépendantes, qui ont été muselés par le gouvernement de Stephen Harper selon l'opposition, seront présents pour témoigner.

Et le passage de Peter Tinsley, ex-président de la Commission d'examen des plaintes concernant la police militaire (CEPPM), et de Paul Kennedy, qui dirigeait la Commission des plaintes du public contre la GRC (CPP), sera l'occasion pour les libéraux de ramener le dossier des prisonniers afghans à l'avant-scène, a indiqué le porte-parole du parti en matière d'affaires étrangères, Bob Rae.

Car les libéraux trouveront les réponses à leurs questions en ce qui concerne le traitement des détenus afghans transférés par l'armée canadienne, et qui auraient été torturés par les autorités locales, a affirmé M. Ignatieff.

Le gouvernement Harper n'avait pas renouvelé le mandat de M. Kennedy, cet automne, et M. Tinsley avait quitté son poste pour protester contre la mainmise du fédéral sur les travaux de la CEPPM.

Lorsque le premier ministre Harper a prorogé le Parlement, le 30 décembre, les partis d'opposition l'avaient accusé d'agir de la sorte afin d'étouffer la controverse sur le sort de ces prisonniers.

Les trois partis d'opposition se réuniront d'autre part le 3 février, pour tenir une nouvelle rencontre informelle du défunt comité parlementaire sur la mission en Afghanistan, qui se penchait sur le sort des détenus afghans avant la fin de la session parlementaire.

Libéraux, néo-démocrates et bloquistes recevront le secrétaire légiste de la Chambre des communes, Rob Walsh, et un professeur de droit de l'Université d'Ottawa, Errol Mendes. Des témoignages qui porteront sans aucun doute sur l'interminable quête des députés de l'opposition, qui réclament aux conservateurs depuis des mois, sans succès, des documents portant sur le dossier des prisonniers.