Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, estime qu'à l'heure actuelle, le débat constitutionnel ressemble à un douloureux voyage au bout d'un cul-de-sac politique.

Il ne croit pas que les Canadiens veuillent rouvrir ce débat en ce moment et ne manifeste aucun intérêt à le faire lui-même. En fait, dit-il, les enjeux de l'unité canadienne sont bien différents aujourd'hui de ce qu'ils étaient dans les années 80 et 90.

«C'est pire qu'une visite chez le dentiste. Cela ressemble à un très douloureux voyage dans un cul-de-sac politique», a déclaré le leader libéral, mardi après-midi, à des étudiants de l'Université Concordia.

Comme il l'avait fait plus tôt dans la journée à HEC Montréal, M. Ignatieff rencontrait les jeunes dans le cadre d'une tournée des universités canadiennes. Les rencontres, décontractées, commencent par une courte introduction de l'invité, suivie d'une pluie de questions du parterre.

À Concordia, les questions ont été beaucoup plus mordantes et le débat plus émotif qu'à HEC. C'est une étudiante qui a mis le chef libéral dans l'embarras en lui demandant si le temps n'était pas venu de rouvrir le débat afin de faire adhérer le Québec à la Constitution.

«Nous voulons que le Québec ratifie la Constitution, a-t-il ajouté, mais les conditions ne sont pas là. Elles peuvent venir, mais elles ne sont pas là en ce moment.»

M. Ignatieff a dit croire que, aujourd'hui, la question de l'unité nationale ne concerne plus seulement le Québec et le Canada : «Les enjeux vont au-delà de cela, a-t-il dit. Aujourd'hui, il faut regarder les divisions entre le Canada rural et urbain, entre le Canada du Sud et celui du Nord, entre la classe moyenne supérieure, qui s'est enrichie, et la classe moyenne, qui stagne depuis 30 ans. Et il y a aussi les questions multiculturelles.»

Lorsqu'il est question d'unité nationale, sa crainte est de voir tous les yeux se tourner vers les relations Canada-Québec au détriment des autres enjeux.

Karzaï non crédible

Par ailleurs, M. Ignatieff a vivement remis en question la crédibilité du gouvernement afghan, mardi, allant jusqu'à dire que les Canadiens ne peuvent avoir confiance en lui. «Nous avons un partenaire afghan qui s'appelle M. Karzaï et qui ne donne pas confiance aux Canadiens», a-t-il lancé devant les étudiants de HEC Montréal.

Estimant que la mission militaire canadienne dans ce pays doit cesser intégralement et comme prévu en 2011, il souhaite que le volet humanitaire se poursuive, mais pas à n'importe quelles conditions.

«Notre parti cherche un rôle valable pour le Canada après 2011, a-t-il enchaîné, mais il faut un partenaire. Il y a plein de partenaires dans les villages, dans les ONG (organisations non gouvernementales). Il y a plein d'Afghans avec courage et vision qui essaient de remonter la pente dans ce pauvre pays. Le problème est que nous n'avons pas de partenaire au gouvernement, dans lequel les Canadiens ne peuvent avoir confiance. C'est notre dilemme.»

Harper et la démocratie

M. Ignatieff a par ailleurs raillé les propos qu'a tenus Stephen Harper plus tôt cette semaine lorsqu'il a dit que, quand le Parlement siège, le gouvernement fait face à des votes de non-confiance et que cela rend les marchés financiers instables. «C'est la chose la plus drôle que j'ai entendue en politique depuis longtemps, a dit le chef libéral. L'idée que la démocratie crée de l'instabilité est à peine croyable. Je crois qu'il (M. Harper) a un problème fondamental à accepter les limites de son pouvoir de premier ministre. C'est à lui d'accepter ces contraintes et non de parler d'instabilité.

En réponse à une autre question d'un étudiant, M. Ignatieff a déclaré qu'à son avis la lutte contre le chômage doit constituer le «dossier clé» du prochain budget conservateur, prévu le 4 mars prochain.

Les membres de son parti se pencheront sur des solutions à apporter au cours des prochaines semaines et en feront part au gouvernement.