Il faudra faire, semble-t-il, une croix sur des élections fédérales ce printemps.

Stephen Harper n'a pas l'intention de déclencher un scrutin ou de préparer le renversement de son gouvernement minoritaire dans un avenir rapproché, selon des sources proches du premier ministre.

«Les chances que l'enfer gèle en mars sont plus grandes que de nous voir tenter de déclencher des élections», a soutenu l'une de ces sources.

«Le gouvernement n'en a pas envie, le premier ministre n'en a pas envie et la population n'en a pas envie», a-t-elle ajouté.

Des rumeurs d'élections circulaient à Ottawa depuis la prorogation du Parlement par le gouvernement conservateur, la semaine dernière.

Au lieu du 25 janvier, tel que prévu à l'origine, la prochaine session s'ouvrira le 3 mars avec un discours du Trône, qui sera suivi d'un budget la semaine suivante.

De l'avis de l'opposition et de nombreux experts, la prorogation du Parlement par les conservateurs semble destinée à étouffer la controverse sur le traitement des détenus afghans et d'autres questions embarrassantes pour le gouvernement.

Ils estiment que les troupes de Stephen Harper préparent le terrain pour des élections qui se tiendraient après les Jeux olympiques d'hiver de Vancouver ainsi que les discours du Trône et budget post-récession, afin de profiter du vent d'optimisme que feront souffler ces événements.

«Il est clair qu'il s'agit là du plan de premier ministre», a affirmé le porte-parole de l'opposition officielle, Ralph Goodale.

«Il (Stephen Harper) tente de contrôler la communication en éliminant les outils démocratiques que peuvent utiliser l'opposition. Et cela, dans l'esprit tortueux du premier ministre, vise probablement à préparer ce qu'il recherche, c'est-à-dire une campagne électorale», a-t-il estimé.

Les conservateurs ont toutefois plaidé qu'ils ne peuvent déclencher une élection sans risquer un retour de bâton des électeurs, qui semblent absolument contre l'idée d'aller aux urnes. Les troupes du premier ministre n'ont pas oublié à quel point la popularité de Michael Ignatieff a plongé l'automne dernier après que le chef libéral ait indiqué qu'il voulait défaire le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la première occasion.

Avec M. Ignatieff qui est désormais beaucoup moins enclin à faire chuter le gouvernement, M. Harper devrait dissoudre son propre gouvernement, ou demander à la gouverneure générale de le faire, afin de déclencher une campagne électorale. Il pourrait également introduire dans le budget des mesures inacceptables pour les partis d'opposition et ainsi les forcer à le défaire.

Dans l'hypothèse où M. Harper décide de tenir des élections, il en porterait seul le blâme et risquerait de perdre la confortable avance dont son parti bénéficie dans les sondages depuis cinq mois.

Or, des sources proches du premier ministre ont indiqué que M. Harper n'avait pas l'intention de prendre un tel risque.