Les attaques d'insurgés seront peut-être plus nombreuses au printemps prochain, mais elles seront mieux contenues, estime le commandant de la Force opérationnelle interarmées (FOI) en Afghanistan, le brigadier général Dan Ménard.

Une nette augmentation du nombre de soldats sur le terrain (avec l'ajout de troupes américaines) et une nouvelle stratégie contribueront, selon lui, à gagner la confiance des Kandaharis, élément fondamental de toute percée contre les insurgés.

 

La mission qu'il dirige cible maintenant les quatre centres urbains de la région de Kandahar. Des centaines de soldats vivent en permanence au milieu de la population afin de créer et de maintenir un sentiment de sécurité.

«Nous établissons un anneau de stabilité dans les districts entourant la ville. Cet anneau va servir de barrière aux insurgés», a souligné le brigadier-général Ménard, en téléconférence à partir de l'Afghanistan.

Les militaires font le pari qu'ils arriveront ainsi à marginaliser l'insurrection aux yeux d'une population à qui l'on doit aussi prouver qu'il y a davantage d'avenir (et d'emplois) du côté de la reconstruction que du côté des insurgés.

«Il ne faut pas oublier que ce sont les Afghans eux-mêmes qui sont les plus importants contributeurs à la mission. Notre tâche est de nourrir l'espoir d'un futur prospère, a dit le commandant de la FOI. Ultimement, les Afghans défieront eux-mêmes l'insurrection. Nous allons les aider.»

Il espère que les soldats gagneront lentement mais sûrement, le coeur des Afghans.

L'ajout de nouvelles troupes, - pour un total de 5200 soldats au lieu des 1200 qu'il y avait -, permet aux forces armées d'occuper beaucoup plus de territoire et de garder la main sur les villes et les régions qu'elles ont sécurisées.

Les troupes préparent maintenant la prochaine «saison»: les attaques, toujours moins nombreuses en hiver, augmentent en été. «Si on arrive à convaincre les populations locales avant le mois de mai, elles ne seront plus intimidées lorsque les insurgés seront de retour en force au printemps», a dit le brigadier général.

Mais il ne se fait pas d'illusion étant donné que la situation insurrectionnelle est de plus en plus difficile en Afghanistan.

«Je m'attends à pire, a souligné M.Ménard. La différence, c'est que maintenant nous allons choisir le terrain et le moment où nous allons combattre.» Il a toutefois bon espoir de voir une percée majeure en 2010. «Par la quantité de troupes et par les efforts en place, on va être en mesure de les attendre et de dominer les endroits, a-t-il ajouté. Et c'est la grosse différence avec les années passées.»

Torture

Par ailleurs, la controverse qui sévit au Canada au sujet de possibles cas de torture de prisonniers remis par l'armée canadienne aux autorités afghanes ne s'est pas vraiment rendue sur le terrain, dans la population, selon le brigadier général Ménard.

Cette question est «presque inconnue de la majorité des Afghans», a-t-il souligné, interrogé sur la façon dont la population réagit aux allégations soulevées en comité parlementaire à Ottawa, et qui font les manchettes depuis plus d'un mois.

«Il ne faut pas oublier que le système de médias et d'information ici est très limité, a dit M.Ménard. Souvent, un Afghan n'est jamais allée à plus de 10 km de son village natal. Et ça, c'est ceux qui ont voyagé. Ils ont entendu parler de Kaboul, mais ils n'ont aucune idée où ça se situe.»