Des chasseurs de phoques et des députés ont participé à une dégustation de phoque sur la colline parlementaire, mercredi, destinée à sensibiliser les parlementaires aux problèmes de cette industrie secouée par l'embargo européen.

Le président de l'Association des chasseurs de loups marins des Iles-de-la-Madeleine, Denis Longuépée, avait fait le voyage jusqu'à Ottawa, avec les produits du phoque dans ses bagages, pour démystifier cette industrie et donner l'heure juste aux députés.

Car il y a eu beaucoup de désinformation de la part de groupes abolitionnistes, a-t-il expliqué.

«C'est très important de venir ici (sur la colline) parce que vous êtes des ambassadeurs pour nous et c'est important que vous compreniez toute cette situation de la chasse aux phoques», a dit M. Longuépée, s'adressant aux députés.

Il souhaite d'ailleurs que le gouvernement fédéral fasse plus d'efforts pour lutter contre la désinformation. «Ce qu'on a besoin, c'est d'informer les gens, principalement ici, au Canada, et après ça on est capable de faire le reste dans les autres pays», a noté le chasseur des Iles.

La dégustation a été précédée d'un film sur l'industrie de la chasse aux phoques aux Iles-de-la-Madeleine.

L'événement avait été organisé par le Bloc québécois, mais des députés et sénateurs libéraux ont répondu à l'invitation du parti, de même que la ministre des Pêches et Océans, Gail Shea, et le ministre de la Sécurité publique, Peter Van Loan.

Le député de Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine, le bloquiste Raynald Blais, a souligné qu'il saisit toutes les occasions pour tenter de renverser les préjugés et faussetés véhiculés sur la chasse au phoque. Chaque rencontre est l'occasion «d'expliquer qu'il y a un côté humain à tout ça, que ces gens-là (les chasseurs) sont loin d'être des barbares, et que d'autre part, il y a une industrie à travers tout ça».

«Ce que je préfère, c'est le phoque fumé», a poursuivi le député bloquiste, qui revêtait une veste en peau de phoque.

En mai dernier, le Parlement européen a voté massivement en faveur de l'interdiction du commerce des produits dérivés du phoque. La décision, entérinée cet été par le Conseil, heurte de plein fouet la chasse au Canada, principal exportateur de phoque dans le monde.

Le gouvernement fédéral conteste l'embargo devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais dans l'attente d'une prise de position de l'OMC, la situation des chasseurs de phoques demeure difficile.

Le Canada a exporté pour l'équivalent de 5,5 millions $ de produits vers les membres de l'Union européenne, l'an dernier. Avec cette nouvelle interdiction, les chasseurs devront faire une croix sur plus de 25 pour cent de leurs marchés.

Le règlement porte sur les produits dérivés de toutes les espèces de phoques, soit les pelleteries, les organes, la viande, l'huile ainsi que la graisse utilisés par exemple pour les produits cosmétiques ou pharmaceutiques.

Au printemps, la gouverneure générale Michaëlle Jean s'était retrouvée au milieu d'une petite tempête médiatique après avoir mangé du coeur de phoque au Nunavut.