La commissaire à la vie privée se dit préoccupée par des vérifications menées par son organisme auprès de deux importants programmes de sécurité nationale.

Jennifer Stoddart a déposé des rapports au Parlement mardi matin au sujet de la Liste des personnes précisées (no fly list) et du Centre d'analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE). Créé en 2001, le CANAFE a le mandat de recueillir et d'analyser de l'information pour combattre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.Or, les bases de données du CANAFE contiennent des renseignements personnels dont le centre n'a pas besoin, s'est inquiété le chien de garde de la vie privée au gouvernement fédéral.

«On glisse dans une autre catégorie, la catégorie des gens qui sont fichés», a lancé Mme Stoddart lors d'une conférence de presse.

Dans son rapport, la commissaire a donné une série d'exemples relevés dans son évaluation, dont celui d'une institution financière qui a fait rapport au sujet d'une personne qui a déposé un chèque, uniquement en raison de son origine ethnique et parce qu'elle avait voyagé récemment dans un pays donné.

«Ce genre de rapport qui ne contient absolument aucune preuve de blanchiment d'argent et de financement d'activité terroriste ne devrait pas se trouver dans la base de données du CANAFE», a-t-elle dénoncé.

Le CANAFE a promis de se conformer à 10 recommandations sur 11. Celle qu'elle a refusé touche l'échange de renseignements personnels avec des agences étrangères.

Liste d'interdiction de vol

Quant à la liste de personnes interdites de vol au Canada, Jennifer Stoddart a noté que le sous-ministre des Transports, responsable de décider d'ajouter un nom à la liste, ne disposait pas de toute l'information nécessaire pour prendre sa décision. Elle n'a toutefois pas été en mesure de déterminer si cette situation avait eu des répercussions sur quelqu'un.

Mise en place en 2007, la liste des personnes interdites de vol vise à empêcher les personnes qui s'y trouvent de monter à bord des vols en partance ou à destination d'aéroports canadiens.

Mme Stoddart a aussi constaté que «l'application utilisée pour transférer les renseignements relatifs à la Liste aux transporteurs aériens n'a pas fait l'objet d'un processus officiel de certification et d'accréditation», rendant vulnérables les informations personnelles et confidentielles transférées.

Ces informations portent sur le nom, la date de naissance, le sexe, l'adresse et la citoyenneté du passager, ainsi que son numéro de passeport, de visa et de billet, son itinéraire, sa destination, son siège et ses bagages, selon le rapport.

Financement du CANAFE

Par ailleurs, le CANAFE a lui aussi déposé son rapport annuel mardi, dans lequel il s'est réjoui d'avoir signalé 556 cas à des organismes comme la GRC, plus du double par rapport à l'année dernière.

Le NPD s'est inquiété de voir que le financement du CANAFE était passé de 55 à 48 millions de dollars en un an. Le député Thomas Mulcair a dénoncé l'approche des conservateurs pour combattre les crimes financiers.

Mais le porte-parole du centre a déclaré que cette baisse était due à un programme temporaire destiné notamment à améliorer le système informatique. «On accepterait toujours plus de l'argent, mais le financement actuel est adéquat», a-t-il dit.