Le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, entend chercher à savoir pourquoi des rapports faisant état de possibles cas de torture de prisonniers afghans dans le cadre de la mission canadienne dans la région de Kandahar n'ont jamais atterri sur son bureau.

M. MacKay affirme ne pas voir vu - tout comme son sous-ministre - les rapports du diplomate Richard Colvin qui ont largement circulé au sein du ministère des Affaires étrangères et de celui de la Défense nationale, de même que parmi de hauts commandants des Forces canadiennes.

M. MacKay, qui a occupé les postes de ministre de la Défense nationale et des Affaires étrangères, a indiqué à la Chambre des communes, lundi, vouloir savoir à quel échelon les documents avaient cessé de monter au lieu de se retrouver entre ses mains.

Le ministre MacKay en a donné l'assurance alors que deux comités des Communes doivent entreprendre mardi leurs propres enquêtes sur le traitement réservé aux prisonniers afghans par les soldats canadiens.

Aujourd'hui membre des services de renseignement à l'ambassade du Canada à Washington, M. Colvin a prévenu en mai 2006 que les allégations de torture de prisonniers afghans étaient «sérieuses» et «inquiétantes».

M. Colvin a lancé une nouvelle mise en garde à ce sujet, le mois suivant, soit près d'un an avant que le gouvernement fédéral n'eut reconnu l'existence du problème.

Pas d'excuses

Le gouvernement fédéral a par ailleurs rejeté lundi la recommandation d'un comité des Communes pour qu'une compensation soit versée à trois Canadiens torturés à l'étranger.

En juin, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes avait recommandé au gouvernement fédéral de faire tout ce qui était nécessaire pour que soient retirées des dossiers des agences de sécurité nationale les fausses allégations au sujet des trois hommes et de leur famille.

Le groupe de députés avait également recommandé que des excuses et des compensations soient offertes à Abdullah Almalki, Ahmad El Maati et à Muayyed Nureddin, torturés en prison en Syrie.

Mais dans sa réponse, rendue publique tard dans la journée de lundi, le gouvernement fédéral a fait valoir qu'il serait inapproprié de présenter des excuses, puisque les trois hommes ont intenté une poursuite contre des agences fédérales.

Toutefois, selon le Comité permanent de la sécurité publique et nationale, le fait que les trois hommes poursuivent le gouvernement ne devrait pas servir de prétexte pour ne pas leur présenter des excuses.

L'année dernière, une commission d'enquête fédérale avait conclu que des représentants canadiens avaient contribué, en partageant des informations avec des services secrets étrangers, à la torture de ces trois citoyens canadiens.

Lundi, le gouvernement a annoncé que les procédures intentées au civil signifiaient qu'il ne présentera pas d'excuses, n'offrira pas de compensations et ne prendra pas de mesures pour corriger les erreurs qui pourraient figurer dans des dossiers secrets sur MM. Almalki, El Maati et Nureddin.

Le porte-parole en sécurité publique pour le Nouveau Parti démocratique, Don Davies, a qualifié ce refus de totalement inacceptable.

«Le gouvernement aurait à tout le moins dû accepter de corriger les informations erronées qui pourraient figurer dans des dossiers, parce qu'elles continuent à ce jour à hanter ces hommes», a-t-il argué.

MM. Almalki, El Maati et Nureddin soutiennent que de fausses informations dans des dossiers du gouvernement fédéral rendent dangereux des voyages à l'étranger.

Une militante pour les droits de la personne qui a écrit sur les trois hommes a, pour sa part, dit qu'il était troublant que le gouvernement refuse de corriger des informations erronées envoyées à des gouvernements étrangers.

Selon Kerry Pither, il n'y a pas de raison expliquant pourquoi ces agences fédérales devraient s'en remettre à d'autres pour que soient corrigées des allégations inexactes qu'elles partagent avec d'autres agences étrangères.