Les libéraux accusent les conservateurs de contrevenir à la loi en utilisant des publicités gouvernementales à des fins partisanes.

En conférence de presse, hier, les députés Pablo Rodriguez et Martha Hall Findlay ont estimé à plus de 56 millions les dépenses engagées par le gouvernement de Stephen Harper depuis le mois de janvier, aux frais des contribuables, pour se faire de la publicité, soit près de 10 fois plus que pour la campagne de prévention contre la pandémie de grippe A (H1N1).«C'est non seulement immoral, mais c'est illégal, a lancé M. Rodriguez. Une publicité gouvernementale doit être objective, informative, elle ne doit pas être partisane. À aucun moment votre argent ne devrait être utilisé pour dire que le gouvernement fait une bonne job et qu'il faut continuer.»

La critique vise surtout la promotion que fait le gouvernement Harper de son plan d'action économique. Les députés ont brandi une publicité sur laquelle on peut lire que le gouvernement «crée des emplois, maintenant», sur un fond de ciel du même bleu que celui du Parti conservateur.

«Nous, on dit qu'ils ne font pas le travail. Eux se paient une orgie de publicités, avec votre argent, pour dire qu'ils font leur job, donc pour passer leur point de vue partisan», s'est insurgé M. Rodriguez.

Dans une lettre envoyée hier au Conseil du Trésor, la critique en matière de travaux publics, Martha Hall Findlay, explique comment la campagne publicitaire lancée par le gouvernement viole selon elle les directives du Conseil du Trésor en vertu de la Loi sur la gestion des finances publiques, le Code régissant les conflits d'intérêts des députés, la Loi sur les conflits d'intérêts et les dispositions de la Loi électorale du Canada portant sur le financement des partis.

Mais les libéraux ne sont pas allés jusqu'à alerter les autorités policières. «Nous demandons que cessent ces pratiques. Nous pensons qu'il est préférable de commencer par se plaindre au Conseil du Trésor. Nous allons voir comment réagit le gouvernement et nous ajuster», a souligné Mme Hall Findlay.

En Chambre, le secrétaire parlementaire du président du Conseil du Trésor, Andrew Saxton, a répondu qu'il est important que le gouvernement communique avec la population: «La publicité est un moyen privilégié de rejoindre un grand nombre de Canadiens à propos de dossiers d'intérêt public, comme la grippe H1N1, le recrutement des forces canadiennes ou le crédit d'impôt à la rénovation résidentielle.»

Le Parti libéral s'est par ailleurs engagé à resserrer les règles concernant les publicités gouvernementales. À ce sujet, Mme Hall Findlay estime qu'il faut prendre exemple sur les nouveaux règlements adoptés par le gouvernement de l'Ontario.

«C'est interdit (en Ontario), dans les publicités gouvernementales, d'utiliser le nom d'un politicien, son image ou sa voix. Au fédéral, le mot Harper apparaît 8366 fois sur les sites du gouvernement», a soutenu la critique libérale.