Denis Coderre a toujours sa place dans l'aile québécoise du Parti libéral du Canada, croit Nathalie Le Prohon, qui confirme qu'elle sera finalement candidate à l'investiture dans Jeanne-Le Ber.

La femme d'affaires, qui s'est retrouvée malgré elle au coeur d'une dispute au sein du camp libéral, estime que la démission fracassante de M. Coderre de son poste de lieutenant québécois du chef Michael Ignatieff ne causera pas de tort à la formation politique dans la Belle Province.

 

«Les événements de cette semaine sont tristes et malheureux. Mais je suis encore très confiante qu'on a la bonne équipe pour le futur. Et s'il y a une place pour Denis Coderre là-dedans, c'est tant mieux, a jugé Mme Le Prohon, en entrevue à La Presse. M. Coderre n'a pas quitté. Il est encore un député avec qui j'espère travailler dans le futur.»

Si, selon elle, il est temps de tourner la page sur l'incident, elle concède que la pente sera raide au Québec pour les libéraux fédéraux, après de nombreux sondages qui démontrent que leurs appuis stagnent, voire diminuent, dans la province.

«Les sondages me disent qu'on doit continuer à travailler, avec acharnement, et faire passer nos messages», a souligné la candidate à l'investiture, ancienne présidente de Nokia Canada, qui a auparavant travaillé pour IBM pendant 19 ans.

Mme Le Prohon avait d'abord été choisie - par M. Coderre - pour être candidate à l'investiture dans la circonscription d'Outremont. Or, l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon lorgnait lui aussi cette investiture, lui qui a été député d'Outremont pendant 11 ans. C'est finalement le chef, M. Ignatieff, qui a tranché, renversant la décision de son lieutenant politique au Québec.

Froissé, le bouillant député de Bourassa a claqué la porte lundi dernier, abandonnant à la fois le poste de lieutenant et celui de critique en matière de défense. Dans une sortie fracassante, il a reproché à son chef d'être plus à l'écoute de ses conseillers de Toronto que des organisateurs, sur le terrain, au Québec. Par solidarité, cinq de ces organisateurs ont d'ailleurs suivi M. Coderre et remis leur démission. Mais le député s'est rapidement fait rabrouer, le lendemain, par plusieurs députés québécois qui ont rejeté les allégations de contrôle des affaires du Québec par Toronto.

Pas de grandes vagues

Depuis, le siège de M. Coderre à la Chambre des communes est resté vide. Invité à l'émission Tout le monde en parle, diffusée le dimanche mais enregistrée le jeudi, le député était même absent lors du vote crucial sur la motion de défiance déposée par les libéraux, qui aurait pu faire tomber le gouvernement conservateur le jour même.

Selon des informations qui ont filtré malgré l'étanchéité du processus, M. Coderre n'aurait toutefois pas fait de grandes vagues sur le plateau de Guy A. Lepage. Il se serait contenté notamment de répéter qu'il considère ne plus avoir l'autorité morale pour occuper les fonctions de lieutenant québécois.

«Je me devais de dire que je quittais ma fonction. Mais ça n'enlève pas cette force de Michael Ignatieff et du Parti libéral du Canada», a dit M. Coderre dans un extrait diffusé par RDI, hier.

Jeudi, avant l'enregistrement de l'émission, le chef libéral lui avait envoyé un avertissement sans équivoque: «Pour chaque geste que l'on fait, il y a des conséquences», avait dit M. Ignatieff, ajoutant que M. Coderre savait ce qu'il devait faire pour ne pas nuire au Parti libéral.

Le même jour, l'ex-lieutenant adoptait déjà un ton plus conciliant sur sa page Facebook.

Michael Ignatieff sera par ailleurs à Québec demain pour le congrès de l'aile québécoise du PLC, mais aussi aujourd'hui, pour y rencontrer le maire de la capitale, Régis Labeaume, en après-midi.