Michael Ignatieff a poursuivi sa tentative de calmer les esprits au sein de ses troupes du Québec au moment où les sondages laissent présager le pire pour son parti advenant des élections au pays.

De façon relativement inhabituelle, le chef libéral a fait irruption dans le caucus des députés et sénateurs québécois à Ottawa mercredi matin, afin de s'assurer que retombe la poussière soulevée par la démission bruyante de Denis Coderre.

Il est plutôt rare que le leader du Parti libéral du Canada (PLC), issu d'une circonscription ontarienne, participe de cette façon à la réunion de son aile québécoise. La teneur de ces rencontres hebdomadaires à huis clos demeure évidemment confidentielle, mais la présence de M. Ignatieff n'est certainement pas anodine.

Car depuis que M. Coderre a annoncé lundi qu'il quittait ses fonctions de lieutenant politique du chef libéral au Québec et de porte-parole en matière de défense, affirmant qu'il n'avait plus «l'autorité morale» pour les remplir, les députés québécois ont dû répondre aux questions répétées des médias sur l'unité du parti.

Systématiquement, ils ont dû insister sur le fait que tout ne vas pas si mal que ça pour leur parti.

«C'est sûr qu'on a des défis ces jours-ci au Québec, on ne se le cache pas», a dit le député de Papineau, Justin Trudeau, à la sortie de ce caucus.

«On a toujours eu des personnalités fortes au Québec et de voir cette force, au sein du Parti libéral, qui cause des troubles de temps en temps, c'est un petit moment pour se rassembler, c'est tout, c'est pas plus grave que ça», a-t-il ajouté.

Son collègue Pablo Rodriguez a voulu insister sur le fait que les libéraux avaient déjà connus des jours plus noirs.

«On est quand même en meilleure position que l'année dernière, a-t-il dit. Si vous regardez à travers le pays, le PLC a triplé ses membres. Si on regarde en termes de financement, on a beaucoup plus d'argent dans nos coffres que l'année dernière à la même période.»

Mais un sondage CROP-La Presse publié mercredi indique que les libéraux sont en chute au Québec alors que les conservateurs prennent du mieux.

Les troupes de Michael Ignatieff ne recueillent plus que 26 pour cent des intentions de vote dans la province, alors que les conservateurs, qui, il n'y a pas si longtemps étaient tombés sous la barre des 15 pour cent, se hissent désormais à 21 pour cent. Le Bloc québécois mène toujours pour sa part avec 33 pour cent des intentions de vote.

Comme il a été réalisé juste avant la démission de M. Coderre, le sondage CROP ne tient pas compte de l'effet que sa sortie, particulièrement sur «la garde rapprochée de Toronto» de son chef, aura sur l'électorat québécois.

Les députés conservateurs du Québec se sont frotté les mains en constatant ces résultats, et la députée de Beauport-Limoilou, Sylvie Boucher, a soutenu que ce n'est pas que dans les sondages qu'elle remarque une remontée de l'appui pour sa formation, mais également sur le terrain.

Ce sondage en contredit cependant un autre, rendu public en début de semaine pour le compte de TVA, lui aussi tenu avant l'épisode Coderre.

Les libéraux tenteront de tirer définitivement un trait sur cette mauvaise passe dimanche, alors que se tiendra à Québec le congrès biannuel de l'aile québécoise du PLC.

Mais l'atmosphère risque de n'être pas toujours confortable, alors que les candidats recrutés par M. Coderre devront s'y tailler une place.

Pour le député Marcel Proulx, les libéraux n'ont malgré tout pas à craindre le malaise.

«Les gens qui ont été recrutés par M. Coderre (...), ces gens-là n'étaient pas là pour être candidats de Denis Coderre. Ces gens-là étaient là pour être candidats du PLC, section Québec, (...) sous la direction de Michael Ignatieff», a-t-il insisté.

Et pour le député de Hull-Aylmer, si son parti a déjà connu des cieux plus cléments, les lendemains de la démission fracassante de M. Coderre ne sont après tout pas si désastreux.

«Le soleil s'est levé pareil le lendemain matin. C'était peut-être un petit peu nuageux, mais on s'est relevés, on continue», a-t-il lancé.