Le chef du Parti libéral, Michael Ignatieff, a tranché: il cautionne la décision de son lieutenant politique au Québec, Denis Coderre, de réserver la circonscription d'Outremont à une femme.

M. Ignatieff a ainsi mis un terme aux ambitions de Martin Cauchon, qui désirait revenir à la politique fédérale dans Outremont. Dimanche, M. Cauchon avait dit souhaiter que les hautes instances du parti tiennent une assemblée d'investiture dans cette circonscription, qu'il a représentée à la Chambre des communes pendant 11 ans.Mais M. Ignatieff n'a pas osé désavouer son lieutenant politique, selon ce qu'a appris La Presse hier. Cette décision du chef libéral, qui est sans appel, provoque toutefois une onde de choc dans les rangs libéraux non seulement dans Outremont, mais aussi ailleurs au pays.

«Martin Cauchon était un excellent ministre, un excellent député. C'est un bon libéral. J'ai discuté avec lui hier soir (dimanche) et j'ai tranché. J'ai dit que, depuis quatre mois, on a sollicité des candidates. On cherche non seulement des candidates, mais aussi de placer ces candidates là où elles peuvent gagner. Et c'est le cas à Outremont», a affirmé hier M. Ignatieff.

«J'ai beaucoup de respect pour M. Cauchon et je crois qu'il a un grand avenir au sein du parti. C'est un homme qui a une fidélité pour le parti et j'ai beaucoup de respect pour cela», a ajouté le chef libéral à Toronto, où il a prononcé un discours sur sa vision économique du pays.

Devant les journalistes, M.Ignatieff n'a toutefois pas expliqué pourquoi un de ses proches collaborateurs avait pressenti Martin Cauchon en juin pour qu'il reprenne du service cinq ans après avoir tiré sa révérence. Ce dernier avait demandé une période de réflexion afin de discuter de cette offre avec sa famille.

Il y a trois semaines, M. Cauchon, qui a déjà été le lieutenant politique de Jean Chrétien au Québec, a fait savoir qu'il acceptait de porter la bannière du PLC aux prochaines élections. Or, une semaine plus tard, Denis Coderre a dit à qui voulait l'entendre qu'Outremont était réservée à la femme d'affaires Nathalie Le Prohon, ancienne cadre supérieure de Nokia Canada et d'IBM Canada.

«C'est clairement une grave erreur d'écarter Martin Cauchon. Au Québec, on n'a pas le luxe d'exclure un ancien ministre qui a siégé au cabinet pendant presque 10 ans. On a besoin de gens qui ont de l'envergure. Et qu'on ne me serve pas l'argument du renouveau. À ce compte-là, Denis Coderre est largement disqualifié», a affirmé hier un stratège libéral influent qui refuse encore de croire la décision de son chef.

Longtemps considérée comme un bastion libéral, la circonscription d'Outremont est tombée entre les mains du néo-démocrate Thomas Mulcair à la faveur d'une élection partielle en septembre 2007. Le bouillant député a réussi à se faire réélire aux élections générales d'octobre 2008.

Les libéraux de Michael Ignatieff ont bon espoir de reprendre cette circonscription aux prochaines élections, qui pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps. À l'heure actuelle, les libéraux détiennent seulement 14 des 75 sièges du Québec à la Chambre des communes.