Le ministre fédéral de l'Immigration, Jason Kenney, compte s'en remettre à des modifications législatives et à des enquêtes de la GRC et de l'Agence des services frontaliers pour contrecarrer certaines fraudes en matière d'immigration.

Un reportage de Radio-Canada diffusé jeudi à l'émission Enquête a levé le voile sur des stratagèmes frauduleux utilisés par des ressortissants étrangers pour obtenir la citoyenneté canadienne sans devoir habiter au Canada.

 

La loi canadienne exige qu'une personne habite au pays pendant au moins trois ans avant d'obtenir sa citoyenneté. Or, l'enquête de Radio-Canada a démontré que certaines personnes, avec l'aide de consultants en immigration montréalais, font des fausses déclarations de revenus, donnent de fausses adresses, s'inventent des métiers et des entreprises, dans le but ultime de pouvoir profiter des avantages sociaux du Canada - sans y vivre pour autant.

Selon le reportage, le problème serait particulièrement criant au Liban, où près de la moitié des 15 000 détenteurs de la double citoyenneté rapatriés d'urgence durant le conflit de l'été 2006 seraient retournés vivre au Proche-Orient sitôt les combats terminés.

Le ministre de la Citoyenneté, de l'Immigration et du Multiculturalisme, Jason Kenney, estime toutefois qu'il est faux de dire que le problème ne se limite qu'au pays du Cèdre.

«Ce n'est pas un problème lié spécifiquement ou exclusivement aux citoyens libanais. C'est un problème global, à l'échelle internationale. En janvier, j'ai visité l'Inde, et j'ai reçu un exposé de nos fonctionnaires de l'énorme fraude commerciale organisée qui existe pour les immigrants et les demandeurs de visas de l'Inde», a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique avec La Presse.

Le ministre Kenney s'est dit pleinement conscient de ce problème, «qui n'est pas nouveau», a-t-il tenu à préciser.

«C'est la raison pour laquelle j'ai l'intention de créer une meilleure réglementation pour les consultants en immigration et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons créé un réseau des experts des fraudes en immigration, qui sont situés dans toutes nos missions outre-mer», a-t-il déclaré.

Ces modifications législatives viseraient notamment les consultants en immigration afin de les forcer à s'enregistrer et afin de criminaliser de manière plus efficace certaines de leurs activités.

Mais l'approche du ministre n'est pas pour rassurer le député néo-démocrate Thomas Mulcair. «Ce qui est d'autant plus troublant, c'est que la loi telle qu'elle existe n'est de toute évidence pas appliquée, a-t-il dénoncé. Le gouvernement va essayer de trouver refuge dans la bonne vieille tactique, qui consiste à dire: ça nous prend une modification législative. Ça ne sert à rien de modifier la loi si on ne l'applique pas plus que la loi qui est existante.»