Les libéraux de Michael Ignatieff redoublent d'efforts afin d'éliminer, une à une, les raisons qu'invoque le NPD pour soutenir le gouvernement minoritaire de Stephen Harper à la Chambre des communes

Toujours aussi déterminés à provoquer des élections fédérales cet automne, les libéraux ont ainsi proposé d'accélérer l'adoption du projet de loi C-50 permettant d'accorder jusqu'à 20 semaines de plus de prestations pour les travailleurs de longue date ayant perdu leur emploi.Le chef du NPD, Jack Layton, a fait savoir mercredi que son parti ne participera à aucun effort des autres formations politiques visant à forcer la tenue d'un quatrième scrutin en cinq ans tant que ce projet de loi ne sera pas adopté.

Les conservateurs, qui détiennent 143 des 308 sièges, ont besoin de l'appui d'un parti de l'opposition pour se maintenir au pouvoir. Les libéraux, de leur côté, comptent déposer une motion de censure contre le gouvernement Harper, au début du mois d'octobre, et le Bloc québécois entend appuyer cette démarche.

«Nous ne voulons pas donner à M. Layton quelque alibi que ce soit», a lancé en matinée hier Michael Ignatieff.

Du même souffle, le chef libéral a réitéré sa ferme intention de déposer une motion de censure à la première occasion. «Oui, il y aura un vote de défiance dans quelques semaines parce que nous avons clairement dit que nous n'avons plus confiance dans ce gouvernement.»

Sur l'heure du midi, le leader parlementaire du gouvernement à la Chambre, le ministre Jay Hill, a convoqué ses homologues des autres partis afin de proposer d'adopter à toute vitesse le projet de loi C-50. Le NPD et le Parti libéral ont donné leur accord, mais le Bloc québécois, qui juge les mesures proposées nettement insuffisantes, s'y est finalement opposé.

M. Hill était prêt à ce que les Communes adoptent ce projet de loi en deuxième lecture dès hier et qu'un comité parlementaire le passe au peigne fin la semaine prochaine, même si les Communes ne siègent pas, mais cette proposition n'a pu faire l'unanimité. Tous les partis doivent accepter que les procédures normales soient modifiées pour accélérer l'adoption d'un projet de loi.

La ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a déposé mercredi le projet de loi en question qui permettrait à Ottawa d'injecter 935 millions de dollars afin d'accorder à certains travailleurs entre cinq et vingt semaines de prestations de plus. Cette mesure temporaire toucherait environ 190 000 chômeurs et serait rétroactive de neuf mois à partir de son entrée en vigueur.

Avant d'entrer en vigueur, un projet de loi doit franchir trois lectures à la Chambre des communes et ensuite être approuvé par le Sénat après trois lectures également.

Les libéraux ne baissent donc pas les bras même si le NPD a indiqué vouloir éviter des élections générales tant que le projet de loi C-50 n'a pas été sanctionné.

En privé, les libéraux affirment vouloir profiter de cette volte-face du NPD, lui qui a toujours voté contre toutes les mesures proposées par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006, pour discréditer les troupes de Jack Layton.

Les stratèges libéraux n'ont d'ailleurs toujours pas digéré la décision de M. Layton de s'allier avec les conservateurs et le Bloc québécois en novembre 2005 pour renverser le gouvernement minoritaire libéral de Paul Martin.

Cette décision a non seulement mis fin au règne libéral, selon eux, mais a eu de graves répercussions sociales puisque le gouvernement Harper a mis la hache dans le programme national de garderies, mis sur pied par le gouvernement Martin et les provinces, et refusé de donner suite à l'accord de Kelowna. Cet accord, signé à la toute veille de la campagne électorale de 2005-2006, visait à investir cinq milliards de dollars sur 10 ans pour extirper les peuples autochtones de la pauvreté. En outre, la défaite des libéraux a relégué aux oubliettes les efforts entrepris par Ottawa pour lutter contre les changements climatiques, selon les stratèges libéraux.

«Nous avons une grosse crotte sur le coeur. Jack Layton n'aura pas de cadeau de notre part», a affirmé un stratège sous le couvert de l'anonymat.