Un groupe de recherche propose d'exclure le Bloc québécois des débats politiques en anglais, puisque la formation politique ne présente aucun candidat dans le Canada anglophone. La suggestion fait partie d'une vaste réforme des débats des chefs, laquelle s'impose, selon le Centre d'étude sur la démocratie de l'Université Queen's.

Le groupe de recherche présidé par Tom Axworthy, ancien stratège libéral au cabinet du premier ministre Pierre Elliott Trudeau, suggère qu'une commission indépendante des débats soit mise sur pied pour gérer l'organisation de ces manifestations politiques. Les coûts reliés à ces joutes oratoires seraient payés par Élections Canada.

 

Alors qu'il cherche à rendre les débats plus équitables, informatifs et intéressants, le Centre propose de maintenir des débats dans les deux langues, mais que seuls les partis présentant des candidats dans une majorité de comtés d'une région linguistique puissent participer au débat dans cette langue. Cette règle aurait pour effet direct d'exclure le chef du Bloc des débats en anglais, le parti ne présentant pas de candidats à l'extérieur du Québec.

« Nous suggérons des balises. Puisque ce sont les réseaux de télévision qui organisent les débats actuellement, il n'y a pas de politique écrite, pas de critères pour déterminer qui participe au débat», a expliqué Michelle Rodgers, auteure du rapport rendu public cette semaine. Les propositions formulées seront débattues dans deux semaines par un comité d'experts, ajoute-t-elle.

Accueil tiède

Les principaux intéressés se sont insurgés contre cette idée, qui revient périodiquement dans le Canada anglais. « Interdire la présence du Bloc québécois au débat en anglais serait nier le choix démocratique des Québécois qui ont élu une majorité de députés du BQ «, a fait savoir le chef du Bloc, Gilles Duceppe, par l'intermédiaire d'une attachée de presse.

« Le Bloc a une vision du Québec différente de celle des autres partis fédéraux et c'est important que le Canada anglais ait accès à cet autre point de vue «, a ajouté le chef bloquiste.

La proposition du groupe de recherche a aussi été reçue avec tiédeur par les autres partis de l'opposition à Ottawa.

«Le but d'avoir deux débats n'est pas d'en avoir un pour le Québec en français et un autre en anglais pour le reste du Canada. Il y a deux débats dans les deux langues officielles pour tous les Canadiens», a souligné Jean-François Del Torchio, directeur des relations avec les médias francophones au bureau du chef libéral, Michael Ignatieff.

Du côté du NPD, on rejette la recommandation d'exclure le Bloc. « Cependant, l'idée d'une commission indépendante est à étudier sérieusement», a précisé l'attaché de presse de Jack Layton, Karl Bélanger.

La réforme proposée pourrait toutefois favoriser le Parti vert du Canada, dont la chef, Elizabeth May, avait réussi à se faufiler aux débats des chefs pour la première fois en 2008 parce qu'un député indépendant s'était affilié à la formation écologiste quelques semaines avant le déclenchement des élections. La règle, non écrite, voulait alors que seuls les partis représentés à la Chambre des communes puissent participer aux débats des chefs en campagne électorale.

Le Centre d'étude sur la démocratie propose maintenant que tous les partis qui obtiennent 5 % des intentions de vote à l'échelle nationale puissent avoir le droit de faire valoir leurs idées dans les débats des chefs.