Le NPD ne souhaite pas la tenue d'élections fédérales cet automne. Mais s'il devient impossible d'éviter un quatrième scrutin en cinq ans, les troupes de Jack Layton n'hésiteront pas à faire le procès à la fois du bilan du gouvernement Harper et de la feuille de route du chef libéral Michael Ignatieff.

Des stratèges néo-démocrates ont lu et relu les nombreuses déclarations passées de M. Ignatieff alors qu'il vivait à l'extérieur du Canada. Et ils ont bien l'intention de rappeler aux électeurs plusieurs de ces déclarations souvent controversées.

 

«Michael Ignatieff sera autant dans notre ligne de mire que Stephen Harper», a confié à La Presse un stratège néo-démocrate sous le couvert de l'anonymat.

Ce stratège a affirmé que M. Ignatieff avait donné son appui à la décision de l'ancien président américain George W. Bush d'envahir l'Irak en 2003. Il a aussi rappelé que M. Ignatieff s'était prononcé en faveur de la participation du Canada au bouclier antimissile en 2004. Et que M. Ignatieff a défendu vigoureusement au printemps l'industrie des sables bitumineux en Alberta, responsable d'une bonne partie de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre au Canada.

S'il a été partisan au départ de l'invasion américaine de l'Irak, M. Ignatieff a fait son mea-culpa en août 2007 dans un long texte publié dans les pages du New York Times Magazine.

Les hostilités sont déclenchées

Chose certaine, les libéraux de Michael Ignatieff n'ont pas attendu le début d'une éventuelle campagne électorale pour déclencher les hostilités. En fin de semaine, ils ont lancé trois publicités télévisées - deux en français et une en anglais - attaquant le bilan du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Le chef libéral est nettement plus incisif dans les publicités en français que dans celles diffusées en anglais. «Quand le gouvernement Harper vous dit dans la même année qu'il n'y aura pas de récession puis qu'il n'y aura pas de déficit pour finalement vous dire qu'il y a une récession et qu'on aura un déficit record de 50 milliards de dollars, c'est que ce gouvernement est complètement déconnecté de la réalité et irresponsable», soutient M. Ignatieff.

L'autre publicité en français traite de l'environnement. Le chef libéral accuse les conservateurs de laxisme dans la lutte contre les changements climatiques et déplore que le Canada soit devenu le pire pays du G20 en la matière.

En anglais, M. Ignatieff s'adresse aux Canadiens dans un décor bucolique et il tente de répondre subtilement à ses détracteurs qui lui ont reproché d'avoir passé beaucoup de temps à l'étranger. «Partout où j'ai travaillé, j'ai rencontré des Canadiens qui étaient ce que le monde avait de meilleur à offrir», dit-il.

Les conservateurs ont réagi à cette salve du chef libéral en affirmant que «Michael Ignatieff tente de se refaire une image d'homme du peuple», mais que cela est une «ruse».