En tendant bien l'oreille, il est possible d'entendre les boniments habituels en provenance de la Colline parlementaire se transformer en baratin plus élaboré, également appelé message électoral.

Les arguments avancés au cours de la dernière semaine sont fignolés, puis testés, et pourraient être délivrés à répétition aux Canadiens si jamais il devait y avoir des élections fédérales cet automne.

Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a lancé les hostilités la semaine dernière en déclarant qu'il ne pouvait plus appuyer le gouvernement conservateur minoritaire. A cette occasion, il a lancé le slogan «Nous méritons mieux», repris à l'intérieur des premières publicités diffusées à l'échelle nationale, au cours du week-end.

Par le biais de ces messages, Michael Ignatieff est présenté comme étant un homme amical et positif, doté d'une large perspective, ce qui représente un atout de qualité pour faire face aux dossiers économiques et environnementaux.

Le texte du message soutient que les libéraux proposent l'espoir et de grandes idées, à comparer aux conservateurs, qui sont qualifiés de «mesquins» et «petits».

Le directeur national du PLC, Rocco Rossi, n'a pas caché que les libéraux voulaient exploiter le courant d'optimisme qui a caractérisé le triomphe de Barack Obama lors de l'élection présidentielle américaine de 2008.

«Ce que les Canadiens ont vu au sud du pays leur a fait réaliser que l'on pouvait faire de la politique autrement. D'ailleurs, nous aimerions que nos politiciens se comportent de cette façon et ce type de politicien que Michael Ignatieff représente», a affirmé M. Rossi.

Les conservateurs, selon des sources, n'ont pas terminé d'élaborer leurs thèmes électoraux.

Mais il apparaît évident que la stabilité et une bonne gestion de l'économie seront au coeur des messages du premier ministre Stephen Harper aux électeurs. «Pourquoi prendre des risques avec un groupe sans expérience à une période aussi cruciale?», se feront demander les Canadiens.

«Lorsque vous votez en faveur des conservateurs, vous savez ce que vous obtenez : un leader qui a été mis à l'épreuve et qui a montré sa véritable valeur, un programme axé sur la relance économique et un gouvernement fédéraliste», a confié un haut responsable conservateur.

«Qu'allez-vous obtenir si vous optez pour les libéraux? Un chef qui ne fait que passer, un programme qui est soit inconnu ou en perpétuelle fluctuation.»

Déjà, les porte-parole conservateurs ont commencé à alerter la population que la relance de l'économie sera menacée si jamais l'opposition faisait tomber le gouvernement. Ils laissent aussi planer la possibilité que les parties d'opposition aient conclu un pacte secret afin de former un gouvernement de coalition.

Lors d'un point de presse la semaine dernière à Niagara-on-the-Lake, Stephen Harper a affirmé que la performance du Canada en matière d'économie, malgré les défis et les difficultés, avait été nettement meilleure que celle d'autres pays. Or, a ajouté le chef conservateur, une campagne électorale ne fait qu'accroître les risques de faire échouer le programme de relance.

En fait, le Nouveau Parti démocratique avait été la première formation politique canadienne à tester son message électoral. Devant quelque 2000 fidèles partisans réunis à Halifax le mois dernier, le chef Jack Layton avait déclaré que le Canada avait besoin d'un gouvernement travaillant pour la population, prônant de nouvelles idées, et non d'anciennes.

Le NPD favoriserait, notamment, une approche différente pour relancer l'économie, accorderait plus d'importance à l'environnement et à la réforme de l'assurance-emploi et mettrait un terme à la mission du Canada en Afghanistan.

De son côté, le Bloc québécois affiche sur son site internet le mot «Debout», ou la phrase «Debout pour le Québec».

«Nous allons prendre nos responsabilités jusqu'à la fin. Ca signifie que nous allons défendre les intérêts du Québec, ce que nous avons toujours fait à Ottawa», a rappelé Gilles Duceppe, la semaine dernière.