Les célébrations visant à marquer le 25e anniversaire de l'élection du premier gouvernement conservateur de Brian Mulroney, prévues à Montréal le 18 septembre, pourraient permettre d'entreprendre la réconciliation de la famille conservatrice au Québec à la veille du déclenchement possible des élections.

C'est du moins ce que croient plusieurs conservateurs interviewés par La Presse; ils souhaitent tourner la page sur les frictions entre les tories restés fidèles à Brian Mulroney et ceux qui ont observé le mot d'ordre de l'actuel premier ministre Stephen Harper. Ce dernier a interdit à ses ministres de communiquer avec M. Mulroney jusqu'à ce que la lumière soit faite sur ses relations d'affaires avec l'ex-marchand d'armes germano-canadien Karlheinz Schreiber.

 

M. Harper a donné cette consigne en 2007, après qu'on eut appris que M. Mulroney avait reçu trois paiements en espèces de Schreiber, dont l'un quelques semaines seulement après qu'il eut quitté ses fonctions de premier ministre, en 1990.

M. Harper a également décidé de créer une commission d'enquête présidée par le juge Jeffrey Oliphant pour faire la lumière sur cette affaire. La commission a tenu des audiences au printemps et le juge Oliphant doit remettre son rapport final d'ici à décembre.

Cette affaire a provoqué un schisme au sein des conservateurs à Ottawa, d'autant plus que des proches collaborateurs de M. Harper ont affirmé à des journalistes sous le couvert de l'anonymat, quelques jours avant le début des travaux de la commission, que M. Mulroney n'était plus membre du Parti conservateur. L'ex-premier ministre a nié ces informations avec véhémence, et plusieurs députés ont critiqué le traitement réservé à M. Mulroney par le bureau du premier ministre.

Quelque 700 personnes sont attendues à cette soirée de retrouvailles, qui doit avoir lieu à l'hôtel Windsor. Le premier ministre Jean Charest, qui a été ministre de l'Environnement dans le gouvernement de Brian Mulroney, ainsi que l'actuel ambassadeur du Canada à Washington, Michael Wilson, qui a été ministre des Finances sous Mulroney, seront les coprésidents de la fête.

«Cet événement va nous permettre de tourner la page sur les frictions des mois passés. Car une chose demeure: on ne peut pas faire des gains au Québec sans l'aide de Brian Mulroney et de Jean Charest. Soyons honnêtes. Si nous avons des problèmes au Québec en ce comment, c'est à cause de cela», a déclaré un stratège conservateur sous le couvert de l'anonymat.

Ce stratège a ainsi rappelé que le premier ministre Jean Charest, qui est demeuré fidèle à Brian Mulroney, ne s'est pas gêné pour critiquer le gouvernement Harper depuis plusieurs mois, même durant la dernière campagne électorale, ce qui a fait perdre des plumes aux conservateurs au Québec.

Depuis quelques semaines, toutefois, les relations entre MM. Harper et Charest sont plus cordiales. Le bureau de M. Harper n'a pas l'intention d'empêcher les ministres d'assister à la fête du 18 septembre, estimant qu'il s'agit d'une affaire privée.

«Cet événement arrive à point nommé. Il est vrai que le temps fait son oeuvre, mais ça pourrait être le début des réconciliations», a affirmé une autre source conservatrice.

Quelques ministres comptent y assister, dont le ministre du Revenu, Jean-Pierre Blackburn, et le ministre des Anciens combattants, Greg Thompson. Il n'est pas exclu que le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, et le ministre de la Défense, Peter MacKay, soient également présents.

Le député conservateur de Beauce, Maxime Bernier, a indiqué hier qu'il serait à la fête en compagnie de son père, Gilles Bernier, qui a été député conservateur durant les années où Brian Mulroney a été au pouvoir.

«Absolument, j'y serai», a déclaré M. Bernier, qui a obtenu les conseils et l'appui de Brian Mulroney durant l'affaire Julie Couillard, en 2008.

Depuis le dernier scrutin, le Parti conservateur a vu ses appuis au Québec chuter. Plusieurs sondages leur accordent en moyenne 15% des intentions de vote. Les troupes de Stephen Harper, qui détiennent 10 sièges au Québec, ont donc du plain sur la planche pour renverser la tendance et damer le pion au Bloc québécois, qui demeure en tête dans les sondages, et au Parti libéral, qui n'est pas loin derrière le parti de Gilles Duceppe.