Un nouveau sondage La Presse Canadienne - Harris-Decima place les conservateurs et les libéraux au coude à coude, alors que les rumeurs d'élections cet automne se font de plus en plus persistantes sur la colline parlementaire à Ottawa.

Les Canadiens souhaitant un gouvernement majoritaire devront modérer leurs attentes puisque selon ce nouveau coup de sonde les libéraux obtiennent 32 pour cent des intentions de vote contre 31 pour cent pour les conservateurs. Les néo-démocrates de Jack Layton suivent avec16 pour cent de l'appui populaire.

Si cette configuration devait se maintenir, il serait pratiquement impensable d'espérer qu'un parti remporte une majorité de sièges aux Communes, advenant une élection à court terme.

«Il est difficile de croire que l'un ou l'autre des partis se mette à faire du bruit pour avoir des élections cet automne, compte tenu du fait qu'aucun parti n'est à 35 pour cent», a avancé Jeff Walker, vice-président de la firme de sondage Harris-Decima.

«Vous avez besoin de 40 pour cent pour pouvoir ne serait-ce qu'espérer obtenir une majorité», a-t-il souligné.

Les résultats du sondage s'inscrivent dans une tendance observée au cours de l'été, bien qu'un récent sondage Ipsos-Reid ait accordé une avance de 10 points aux conservateurs.

Au Québec, les troupes de Michael Ignatieff ne semblent pas sur le point de venir à bout des bloquistes, en avance avec 37 pour cent des intentions de vote, contre 28 pour cent pour les libéraux

Les conservateurs sont loin derrière avec 12 pour cent de l'appui populaire, tout juste devant les néo-démocrates et les verts, avec respectivement 11 et 10 pour cent.

Le sondage a été mené auprès d'un peu plus de 2000 participants, entre le 13 et le 23 août. Sa marge d'erreur est de 2,2 pour cent, 19 fois sur 20. Elle est cependant un peu plus grande pour les résultats du Québec, étant donné l'échantillon plus restreint.

L'été a été plutôt tranquille dans le paysage politique fédéral, mais les choses risquent de se corser dès la rentrée parlementaire, prévue dans trois semaines.

Les libéraux pourraient profiter d'une journée d'opposition quelques jours après le dépôt du troisième rapport d'étape des conservateurs sur l'économie, le 28 septembre, pour présenter une motion visant à défaire le gouvernement de Stephen Harper.

Cette motion pourrait porter sur le chômage, alors que l'ensemble des partis d'opposition réclament que soit abaissé et uniformisé le seuil d'admissibilité aux prestations d'assurance-emploi à 360 heures travaillées partout au pays.

Pour l'instant, Michael Ignatieff assure que les dés ne sont pas encore jetés, que le vote des trois partis d'opposition est nécessaire pour renverser le gouvernement et qu'il reste aux conservateurs des cartes à jouer.

Mais il conserve une rhétorique combative, ce qui fait prédire à certains analystes que des élections au début du mois de novembre sont pratiquement inévitables.

De leur côté, les conservateurs prétendent que des élections nuiraient à la stabilité du pays, sortant tout juste de la récession.

«Lorsqu'on a une élection, ça paralyse la machine gouvernementale, ça paralyse toute la mise en oeuvre du plan d'action économique», a soutenu le député conservateur de Lévis-Bellechasse, Steven Blaney.

Selon lui, de nouvelles élections, à seulement un an du dernier scrutin, n'aurait pour effet que de gaspiller l'argent des contribuables.

«Ca ne fait même pas un an qu'on a eu des élections. C'est tout à fait irresponsable de vouloir replonger le pays en élections générales. Personne sur le terrain ne m'a dit qu'il voulait des élections», a-t-il soutenu.

Les libéraux réfutent que des élections auraient un effet néfaste sur l'économie et accusent les conservateurs de mal contrer la crise, montrant du doigt le déficit historique de 50,2 milliards prévu par le gouvernement de Stephen Harper pour cette année.