L'épineux dossier de la réforme de l'assurance emploi divise toujours libéraux et conservateurs, à moins de deux mois de la reprise des travaux parlementaires, qui pourraient rapidement mener à une nouvelle joute électorale.

Hier, la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, a qualifié de «fantaisiste» la proposition du Parti libéral d'abaisser à 360 heures le seuil d'admissibilité à l'assurance emploi.

 

En juin dernier, la mise sur pied d'un comité bipartite sur la question, comprenant des députés libéraux et conservateurs, avait permis d'assurer la survie du gouvernement de Stephen Harper, au moins jusqu'à l'automne.

«M. Ignatieff et des membres du caucus libéral ont publiquement indiqué qu'ils ne reculeraient pas sur leur demande des 360 heures, a lancé Mme Finley à la sortie d'un caucus conservateur. Soyons clairs, travailler neuf semaines et récolter de l'assurance emploi pour le reste de l'année, ce n'est qu'une fabulation intellectuelle.»

Les contribuables canadiens n'ont pas les moyens d'éponger la facture qui résulterait d'un tel changement aux règles, a soutenu la ministre des Ressources humaines, fermant définitivement la porte à cette proposition.

Mme Finley reproche aux libéraux de changer sans arrêt leur position et réclame maintenant qu'ils lui présentent des propositions «précises, détaillées, financièrement responsables et qui ne feront pas augmenter les impôts des Canadiens».

En entrevue à CTV, le chef libéral Michael Ignatieff a rétorqué que la situation du chômage au Canada n'avait rien de «fantaisiste» et que seul son parti avait jusqu'à présent démontré un minimum de flexibilité dans les pourparlers sur l'assurance emploi.

«J'ai toujours essayé de travailler avec le gouvernement, de mettre les intérêts des Canadiens au premier plan. Mais c'est de plus en plus difficile», a souligné M. Ignatieff, laissant entendre qu'il pourrait être tenté de présenter un vote de défiance dans le but de faire tomber le gouvernement de Stephen Harper.

Les libéraux tiennent mordicus à une réforme de l'assurance emploi qui comprendrait l'établissement de normes nationales d'admissibilité, plutôt que par régions économiques comme c'est le cas actuellement.

«Il y a 150 000 Canadiens qui ne peuvent pas recevoir d'assurance emploi dans ces temps difficiles, non pas parce qu'ils n'ont pas assez contribué, mais parce qu'ils n'habitent pas au bon endroit, a souligné M. Ignatieff. Il faut changer les règles pour plus d'équité.»

Les trois partis de l'opposition à Ottawa réclament d'importants changements à l'assurance emploi. «S'il n'y a pas de modifications substantielles, et non pas juste cosmétiques, à l'assurance emploi, c'est très clair qu'on va voter contre la confiance au gouvernement», a réitéré le leader parlementaire du Bloc québécois, Pierre Paquette.

L'attaque en règle de la ministre Finley contre ses adversaires libéraux survient à l'issue d'une session de trois jours de préparation, chez les conservateurs, en vue de la reprise parlementaire et de la possible tenue d'élections générales cet automne.

Les futurs candidats et militants se sont d'abord rencontrés pendant deux jours à Ottawa, au début de la semaine, pour des formations et des séances d'information. Puis, les députés et ministres ont tenu deux jours de caucus, afin d'aligner leurs fusils en vue des prochains mois.

Si tous les ministres se réjouissent des «signes encourageants» constatés dans l'économie canadienne, tous ne s'entendent pas sur l'état de la récession. Le ministre du Commerce international, Stockwell Day, a annoncé à grands cris, lundi, la fin de la récession, dans une lettre publiée dans un quotidien de Colombie-Britannique. Or, plusieurs de ses collègues se sont relayés, depuis deux jours, pour réduire les élans de triomphalisme initiés la semaine dernière par le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, qui avait lui aussi affirmé que la récession était terminée.