Le Canada a appelé dimanche l'Union européenne à «reconsidérer» l'adoption, imminente selon Ottawa, d'un règlement entérinant l'interdiction du commerce des produits dérivés du phoque, avertissant qu'il n'hésiterait pas à saisir l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

«Nous demandons à l'UE de reconsidérer sa proposition d'interdire le commerce des produits dérivés du phoque», ont déclaré dans un communiqué les ministres du Commerce Stockwell Day et des Pêches Gail Shea. «Le Canada a clairement honoré ses obligations et notre position est que toute interdiction visant les produits provenant d'une chasse sans cruauté, comme elle est pratiquée au Canada, est totalement injustifiable», ont-ils ajouté.

Le Parlement européen s'est prononcé en mai dernier en faveur de l'interdiction d'importer et de vendre dans l'UE des produits dérivés des phoques chassés commercialement, validant un accord déjà conclu entre les États membres et l'Union européenne.

Selon le gouvernement canadien, le Conseil des ministres de l'UE doit entériner ce vote lundi. L'embargo entrera en vigueur pour la prochaine campagne de chasse, en 2010.

«Le Canada défendra ses droits et ses intérêts aux termes des accords applicables de l'Organisation mondiale du commerce» si l'UE ne prévoit aucune «dérogation acceptable» pour la chasse canadienne, ont averti les ministres.

Cette chasse controversée est pratiquée par quelque 6 000 chasseurs canadiens des côtes Atlantique et du Grand Nord. Ottawa a autorisé cette année l'abattage de 338 000 phoques, en affirmant que la survie de l'espèce n'était nullement menacée. La chasse a cependant été moins importante en raison d'une baisse des marchés.

«Ce règlement irréfléchi nuira à certaines des collectivités les plus vulnérables du Canada», ont poursuivi M. Day et Mme Shea, exhortant l'UE à «tenir compte de l'incidence» qu'il aura «sur les communautés inuites».