Le ministre du Revenu Jean-Pierre Blackburn estime que le Bloc québécois devrait assurer la survie du gouvernement Harper cet automne afin d'éviter la tenue d'un scrutin fédéral quelques jours à peine après les élections municipales prévues pour le 1er novembre dans plus de 1100 villes et villages de la province.

A son avis, il ne serait pas raisonnable d'exiger que les citoyens suivent deux campagnes en même temps alors que les enjeux, dont celui de l'économie, sont très importants et alors que plusieurs électeurs montrent des signes d'impatience envers les politiciens.

Un récent sondage Harris-Decima - La Presse Canadienne indique ainsi que les Canadiens en ont assez des gouvernements minoritaires, qui se succèdent à un rythme effarant sur la scène nationale depuis cinq ans.

«Ce n'est pas sain d'avoir des élections municipales et fédérales en même temps», a fait valoir M. Blackburn en entrevue téléphonique.

«L'intérêt du Québec, c'est justement qu'il n'y ait pas d'élections à l'automne. La bonne fenêtre, c'est dans un budget et le budget ce sera au printemps prochain», a-t-il ajouté.

Le ministre rappelle par ailleurs qu'au moment du débat sur les élections fédérales à date fixe, le parti de Gilles Duceppe s'était opposé à ce que le scrutin se tienne à l'automne, précisément pour ne pas qu'il ait lieu en même temps que les élections municipales.

«Si cet automne les partis d'opposition s'unissent pour nous renverser, le Bloc québécois aura contribué à faire le contraire de ce qu'il disait», a-t-il martelé.

En plus de s'inquiéter du désintérêt des électeurs, M. Blackburn rappelle que chaque élection coûte un demi-milliard de dollars au trésor public. «Les gens considèrent qu'en récession économique, les argents pourraient être mieux utilisés», a-t-il insisté.

Le ministre croit d'autre part qu'il serait sage de permettre au gouvernement élu le 17 octobre dernier de rester en poste un peu plus longtemps, question de mesurer l'effet de ses politiques et de son plan de relance économique.

Aucun de ses arguments ne convainc l'organisateur en chef du Bloc, Mario Laframboise, qui ne voit que du «désespoir» dans la déclaration de Jean-Pierre Blackburn.

M. Laframboise répète que - comme c'est son habitude - le Bloc votera en fonction de ce qu'il considère comme les intérêts du Québec, et non en se fiant au calendrier.

«On ne vote pas contre le gouvernement parce qu'on veut le renverser et faire des élections. On vote contre le gouvernement parce qu'il a décidé, entre autres, d'investir des milliards dans l'industrie automobile alors qu'il investit des miettes dans l'industrie forestière», a-t-il expliqué.

Selon lui, les conservateurs ont eu l'occasion de faire leur part pour le Québec à plusieurs reprises depuis leur réélection, il y a neuf mois.

S'ils avaient réellement voulu assurer leur survie à moyen terme, ils auraient notamment pu profiter de l'énoncé économique de l'automne ou du budget pour annoncer des mesures d'aide aux industries les plus fragiles.

Ils auraient aussi pu s'atteler à bonifier le régime d'assurance-emploi dès qu'il est devenu évident que le pays s'enfonçait dans la récession.

«Ils ont préféré jouer la partie seuls, aider l'Ontario, aider l'industrie automobile au détriment de tous les autres secteurs, forestier et manufacturier. C'est un choix qu'ils ont fait, a souligné M. Laframboise. Ils ont juste eux à blâmer pour le mal qu'ils ont, entre autres au Québec.»

Le député de Papineau-Argenteuil rappelle que la date du prochain vote de confiance est le fruit d'une négociation entre les conservateurs et les libéraux.

Afin d'éviter un scrutin estival, le premier ministre Stephen Harper a accepté de réserver aux libéraux une journée d'opposition dès la fin du mois de septembre.

Le parti de Michael Ignatieff pourra alors faire voter une motion de censure envers le gouvernement. Si ce dernier était défait, des élections générales auraient vraisemblablement lieu le 9 ou le 16 novembre.