S'il y a déjà eu un froid dans les relations entre le gouvernement conservateur et Pékin, on ne l'aurait jamais deviné en voyant les chaleureux échanges qui ont marqué la rencontre entre le premier ministre Stephen Harper et le ministre chinois des Affaires étrangères, mardi.

Les deux hommes ont posé pour les caméras et discuté avec ferveur de l'importance d'accroître les liens entre les deux nations.

Trois vagues de caméras ont été admises à l'intérieur du bureau du premier ministre pour saisir l'événement, et M. Harper s'est assuré que tout le monde l'entende demander à Yang Jeichi de transmettre ses meilleurs voeux au président de la Chine, Hu Juntao.

«Votre visite ici est très utile et nous l'apprécions», a lancé M. Harper à M. Yang.

Ce dernier était tout aussi démonstratif. Son périple au Canada a été organisé rapidement et était perçu par des observateurs comme un geste de rapprochement significatif.

«Je suis heureux de voir qu'il y a eu croissance des échanges commerciaux entre nous, et nous sommes faits pour nous entendre sur le plan de l'économie», a déclaré M. Yang, dans un anglais impeccable.

«Il y a beaucoup de place pour une augmentation des échanges qui profiteront aux deux pays. Nous devons travailler ensemble pour faire face à la crise grandissante des finances mondiales», a ajouté M. Yang.

Et M. Harper de rétorquer: «nous devons également nous prononcer fortement contre le protectionnisme et assurer la croissance des échanges commerciaux dans des temps comme ceux que nous vivons en ce moment».

Un porte-parole de M. Harper n'a pas voulu donner de détails sur la teneur des discussions qui ont suivi entre les deux hommes, incluant un voyage possible en Chine cet automne.

M. Yang a également rencontré le chef libéral Michael Ignatieff mardi, un traitement généralement réservé aux chefs d'État.

M. Yang a ensuite livré une importante allocution devant le Conseil commercial Canada-Chine, durant laquelle il a de nouveau insisté sur l'importance des relations bilatérales. Le ministre des Finances, Jim Flaherty, le ministre des Transports, John Baird, et l'ancien premier ministre Joe Clark étaient présents.

Les relations entre Ottawa et Pékin se sont envenimées après l'arrivée des conservateurs au pouvoir en 2006, à la suite de déclarations et de mesures qui ont froissé les autorités gouvernementales de la Chine.

Le dalaï-lama avait reçu «la citoyenneté canadienne honoraire», le Canada contestait ouvertement l'emprisonnement de Huseyin Celil, un citoyen canadien, et M. Harper n'avait pas mâché ses mots en décrivant son niveau d'inquiétude devant le respect des droits de l'homme en Chine.

Mais depuis, M. Harper a consacré beaucoup d'énergie à tenter de restaurer un climat de confiance avec la Chine. Récemment, il y a délégué deux ministres de premier plan, Stockwell Day et Lawrence Cannon. L'an dernier, à l'occasion du sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, au Japon, il avait eu des discussions avec son homologue chinois.

M. Yang a d'ailleurs souligné l'importance du geste de M. Harper.

«Votre rencontre avec notre président au Japon a permis d'établir un courant positif dans les relations entre nos deux pays, et les deux parties se sont entendues pour accroître les échanges, ce qui est excellent», a-t-il dit.