En dépit des critiques et d'un jugement sans équivoque de la Cour fédérale, le gouvernement conservateur maintient sa position controversée sur l'aide à apporter aux ressortissants canadiens condamnés à mort à l'étranger.

Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a en effet répété vendredi que le Canada respecterait «les décisions des Etats souverains et démocratiques» en matière de justice, y compris quand ils condamnent des gens à être exécutés.

M. Cannon a ajouté qu'il continuerait d'étudier au «cas par cas» l'opportunité de demander la clémence pour certains citoyens canadiens condamnés à la peine de mort à l'étranger.

«Nous sommes déterminés à faire en sorte que justice soit rendue pour les Canadiens à l'étranger», a-t-il assuré lors de la dernière période des questions avant la suspension des travaux parlementaires pour l'été.

La semaine dernière, le ministre avait fait valoir en Chambre qu'à son avis, la clémence devait se mériter. Le lieutenant québécois du parti, Christian Paradis, a repris le même refrain vendredi en disant que les dossiers seraient étudiés «au mérite».

Ces propos déplaisent aux partis d'opposition qui affirment que les conservateurs sont en train de créer deux classes de citoyens: ceux qu'on défend et ceux qui n'en valent pas la peine.

«Pour moi il faut être clair, si la peine de mort n'est pas acceptable au Canada n'importe quoi le crime, n'importe quoi les circonstances de crime, je ne vois pas pourquoi on aurait une position différente pour nos citoyens qui sont aux Etats-Unis ou en Arabie saoudite ou n'importe où», a souligné le porte-parole libéral en matière d'Affaires étrangères, Bob Rae.

M. Rae se désole particulièrement de voir le Canada changer sa position historique sur la peine de mort, un dossier sur lequel ses convictions abolitionnistes étaient jusqu'à tout récemment sans équivoque.

Pour la bloquiste Francine Lalonde, les conservateurs se donnent un droit arbitraire de vie ou de mort sur les individus.

«Mis à mort par injection aux

DEtats-Unis, fusillé en Chine ou décapité en Arabie saoudite, quelle est la différence? Le ministre des Affaires étrangères se rend-il compte que c'est lui, maintenant, qui déterminera qui peut vivre et qui doit mourir?», a-t-elle fait valoir.

Le débat sur la peine de mort a repris il y a 18 mois au Parlement, après que les conservateurs eurent laissé savoir qu'ils n'aideraient plus Ronald Allen Smith, détenu au Montana depuis 26 ans pour le meurtre de deux autochtones, à faire commuer sa peine.

Un tribunal a toutefois forcé Ottawa à revenir sur sa décision. Le juge a écorché le gouvernement au passage, affirmant que sa nouvelle attitude ne pouvait être qualifiée de véritable «politique».