Les députés de la Chambre des communes, tous partis confondus, sont partis en vacances l'esprit léger, sans crainte d'une élection estivale, mais ils devront se préparer pour un automne qui risque d'être chaud.

Au dernier jour de la session parlementaire, vendredi, les crédits budgétaires, qui constituaient le dernier test pour les troupes de Stephen Harper avant l'ajournement des travaux, ont été approuvés à 214 contre 82, grâce à l'appui annoncé des libéraux de Michael Ignatieff.

Comme prévu, les bloquistes et les néo-démocrates ont voté contre le gouvernement sur cette question de confiance, mécontents de la performance des conservateurs, et plus particulièrement de leur plan de relance de l'économie, jugé trop timide.

Les Canadiens ont désormais l'assurance qu'ils ne seront pas appelés aux urnes en pleines vacances estivales. Mais à peine quatre jours plus tôt, il était encore difficile de prévoir la survie du gouvernement, alors que le chef libéral brandissait la menace de s'opposer à l'adoption des crédits budgétaires si Stephen Harper refusait de se livrer à une reddition de comptes sur quatre sujets qui lui tenaient à coeur.

M. Ignatieff souhaitait particulièrement des avancées sur la réforme du régime de l'assurance-emploi, qu'il juge injuste en raison des nombreuses disparités régionales faisant en sorte que des milliers de chômeurs ne peuvent actuellement toucher des prestations.

«Le gouvernement doit dire maintenant aux Canadiens quels sont ses plans pour l'assurance-emploi, pas dans trois mois», avait-il fermement lancé en conférence de presse lundi.

Après trois conversations entre le premier ministre et M. Ignatieff, force est de constater que les chômeurs devront bel et bien attendre trois mois avant d'espérer des améliorations au système. Ce n'est en effet qu'à la fin de septembre que le comité bipartite créé en échange de l'appui libéral aux crédits budgétaire et qui est chargé d'étudier les façons d'uniformiser le régime d'assurance-emploi dévoilera ses recommandations.

Ce sera également durant la semaine du 28 septembre que les conservateurs devront remettre un troisième rapport d'étape pour rendre compte de l'état de l'économie, qui sera suivi deux jours plus tard par une journée d'opposition libérale.

Plusieurs analystes s'entendent sur le fait que c'est à ce moment que M. Ignatieff pourrait choisir de retirer son appui aux conservateurs, peut-être en présentant une motion de censure. Si les deux autres partis d'opposition choisissent eux-aussi de s'opposer aux troupes de Stephen Harper, des élections pourraient être déclenchées et un scrutin avoir lieu au début de novembre.

Pour les deux autres partis d'opposition, le leader du Parti libéral n'a cherché qu'à gagner du temps en acceptant de se ranger du côté de M. Harper, se contentant de la mise sur pied d'un comité sur l'assurance-emploi en échange de son vote.

«M. Ignatieff est tellement confiant dans son comité bidon qu'il a dit à ses députés de se préparer pour des élections à la mi-septembre», a ironisé le chef bloquiste Gilles Duceppe à la sortie de la toute dernière période de questions de la session parlementaire, vendredi.

Le chef néo-démocrate Jack Layton a indiqué que son parti allait profiter de son congrès à Halifax au mois d'août pour fouetter ses troupes.

«Nous aurons des membres de l'équipe de (Barack) Obama qui seront avec nous (...) pour nous préparer pour une élection», a-t-il souligné, citant notamment Anita Dunn, actuelle directrice des communications à la Maison-Blanche, qui devrait lui donner un coup de pouce.

De leur côté, les libéraux se défendent d'avoir conclu un accord simplement pour avoir plus de temps pour peaufiner leur préparation électorale.

«On a pris la décision cette semaine seulement pour les raisons qu'on a données, on ne veut pas forcer une élection cet été. Mais on est tout à fait prêts pour une élection», a assuré le député Bob Rae.