Le NPD accuse le gouvernement Harper de mettre trop de temps à débloquer les sommes qu'il avait annoncées dans son budget de 2007 pour des projets d'infrastructure.

Le Nouveau Parti démocratique a remis à La Presse des documents qui montrent en effet qu'Ottawa a tardé à mettre en place certaines portions de son programme, dont un financement annuel de base de 25 millions pour le Québec.

Le budget de 2007 annonçait une enveloppe totale de 33 milliards destinée aux infrastructures, ce qui incluait le Fonds de la taxe sur l'essence et le remboursement de la TPS. Cinq sous-enveloppes avaient été créées, dont le Fonds Chantier Canada, un financement de base annuel égal par province et un fonds destiné aux partenariats public-privé (PPP).

Or, rien n'a encore été dépensé dans les PPP, alors que 214 millions auraient déjà dû l'être, selon les projections du budget 2007. Quant au financement de base de 25 millions par année pour chaque province et territoire, le Québec et l'Ontario étaient les seules provinces à ne pas avoir reçu un sou à la fin du mois d'avril, selon les documents émanant du gouvernement.

Au bureau de la présidente du Conseil du Trésor du Québec, Monique Gagnon-Tremblay, on a toutefois indiqué vendredi que Québec avait reçu 100 millions pour ce financement de base la semaine dernière. Néanmoins, le chef du NPD, Jack Layton, n'est pas impressionné par le peu d'empressement qu'a démontré le gouvernement fédéral jusqu'ici.

«Le gouvernement se vante d'avoir dépensé tant de milliards de dollars. Mais quand on lui demande de préciser combien exactement, on voit l'idéologie Harper de ne pas dépenser les sommes, même quand elles ont été adoptées à la Chambre des communes... Les chiffres sont tout à fait différents des annonces», a lancé le chef néo-démocrate.

Les données, contenues dans la réponse qu'a fournie le gouvernement il y a quelques jours aux questions d'un député néo-démocrate, font craindre le pire à Jack Layton pour le plan de relance économique du budget fédéral de 2009.

«C'est la même chose avec cette déclaration de M. Harper», a souligné M. Layton, en parlant du rapport d'étape présenté par le premier ministre jeudi, et dans lequel il s'est vanté d'avoir déjà «engagé» 80% des dizaines de milliards promis pour stimuler l'économie au moyen de projets d'infrastructure.

«Il a dit que 80% étaient engagés pour les dépenses, mais quand on examine leur attitude et la réalité pendant les deux dernières années, on trouve que même le Fonds chantier Canada n'a pas atteint le niveau de dépenses annoncées», a-t-il dit.

Le NPD dénonce le fait que, après deux ans d'un programme qui doit durer sept ans, seulement 24% des sommes prévues pour le Fonds chantiers Canada, les infrastructures aux frontières, les PPP, le financement de base aux provinces et le Corridor Asie-Pacifique ont été dépensées. Au total, c'est donc 3,8 milliards sur 15,423 milliards. Il s'agit là de la portion de l'enveloppe totale de 33 milliards qui pourrait être accélérée en raison de la situation économique, contrairement au Fonds de la taxe sur l'essence, par exemple, qui constitue un financement fixe chaque année.

Ainsi, les dépenses dans ces cinq fonds sont sensiblement les mêmes que ce qui avait été projeté pour 2007. Jack Layton trouve la situation inacceptable dans le contexte où le gouvernement avait promis d'accélérer ses dépenses d'infrastructures pour faire face à la crise.

«On va continuer de presser le gouvernement là-dessus. Pourquoi doit-on croire ce que le premier ministre a dit jeudi concernant son plan d'action économique? Nous n'avons pas eu de résultats pour le Fonds chantiers Canada... Pourquoi doit-on croire ce qu'il est en train de dire maintenant concernant le dernier budget?»

Les députés de tous les partis doivent voter cette semaine des crédits supplémentaires au budget. Ils se prononceront donc sur les efforts de relance économique du gouvernement Harper, un vote de confiance qui peut entraîner sa chute. Or, le NPD et le Bloc québécois ont déjà dit qu'ils se prononceraient contre. La décision de plonger ou non le pays dans des élections revient donc encore une fois au Parti libéral.