Le président de la Colombie a eu des échanges musclés avec des députés néo-démocrates et bloquistes qui l'ont questionné sur la situation des droits de la personne dans son pays, jeudi, à la Chambre des communes.

Fidèle à sa réputation, Alvaro Uribe s'est emporté, élevant la voix et gesticulant à l'occasion en répondant à des questions délicates des députés siégeant au Comité permanent du commerce international.

C'était la première fois que le comité entendait un chef d'Etat. Alvaro Uribe a exhorté le comité à approuver la proposition d'entente commerciale entre le Canada et la Colombie.

«J'ai le droit de répondre», a lancé M. Uribe quand le député néo-démocrate Peter Julian a tenté de passer d'une question à l'autre.

«Je veux que M. Julian me regarde», s'est-il aussi exclamé alors que le député semblait consulter ses notes.

Peter Julian a interrogé le président colombien sur le travail d'organisations non gouvernementales telles que Amnistie Internationale et Human Rights Watch dans son pays, faisant écho aux accusations d'entrave au travail de ces ONG formulées en décembre par la haute-commissaire des droits de l'homme aux Nations unies.

M. Uribe a soutenu que sous sa gouverne, les gens qui se sentent lésés dans leurs droits ont désormais la liberté de faire valoir leurs récriminations. Il a dit avoir éliminé la menace paramilitaire dans son pays, et assuré que la vaste majorité des ONG pouvaient opérer librement en Colombie.

«Il y a certains cas d'organisations qui soutiennent des groupes terroristes et on doit enquêter sur ces cas», a toutefois ajouté le président colombien.

«Je ne veux plus être pris dans des confrontations avec des membres de ces organisations qui m'en veulent personnellement», a-t-il affirmé.

La haute-commissaire des droits de l'homme aux Nations unies, Navanethem Pillay, a critiqué le gouvernement colombien en décembre pour ses déclarations publiques contre les organisations des droits de la personne oeuvrant sur son territoire. Mme Pillay a noté que la stigmatisation de ces groupes mettait en danger la sécurité du personnel et compromettait leur travail.

Le gouvernement colombien est par ailleurs accusé d'avoir mis sous écoute électronique des juges, des leaders de l'opposition et des journalistes.

Mais les Nations unies ont aussi noté la volonté de l'administration Uribe de travailler sur des problèmes systémiques et ses efforts pour renforcer la primauté du droit.

C'est ce sur quoi libéraux et conservateurs ont mis l'emphase dans leurs questions à M. Uribe, le remerciant de cette comparution devant le comité.

Le député conservateur Dick Harris a dit à M. Uribe que les observateurs ne devraient pas «extrapoler à partir de certains cas» pour tracer un portrait général de la situation en Colombie.

«En tant que Canadienne, je crois qu'où il y a des efforts légitimes pour améliorer la situation des droits de la personne, nous devrions les appuyer», a mentionné pour sa part la députée libérale Martha Hall Findlay.

Bien que le gouvernement conservateur et les libéraux soutiennent que l'élargissement des liens commerciaux entre les deux pays peut contribuer à l'amélioration de la situation des droits de la personne, un accord commercial n'est pas encore imminent.

Le porte-parole libéral en matière de commerce, Scott Brison, a affirmé que son parti aimerait que soit évalué l'impact possible de l'entente commerciale entre les deux pays sur les droits de la personne en Colombie. Il a soutenu que le comité des Communes pourrait s'en charger.

«L'accord de libre-échange peut améliorer la situation des droits de la personne. Nous devons seulement nous en assurer», a affirmé M. Brison, qui prévoit se rendre en Colombie cet été.

M. Uribe a affirmé que l'entente commerciale avec le Canada aiderait à réduire la portée des économies parallèles en Colombie, et enverrait un message de confiance envers son pays à travers le monde.