Les électeurs de la Nouvelle-Écosse ont fait passer leur province à l'histoire, mardi, en élisant le premier gouvernement néo-démocrate à l'est de l'Ontario. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) formera par ailleurs un gouvernement majoritaire.

Le chef du NPD, Darrell Dexter, un ancien journaliste et avocat, a réussi à persuader les électeurs d'ignorer les avertissements lancés par le gouvernement conservateur sortant, qui avait qualifié le parti de Dexter de bande d'irresponsables radicaux et dépensiers.

M. Dexter a dit qu'il allait saisir ce nouveau défi, qui se présente à lui au terme d'une lente mais soutenue ascension vers le pouvoir.

«Chers amis, les Néo-Ecossais ont décidé qu'en ces moments historiques difficiles, le temps est venu pour un changement historique», a-t-il lancé à des partisans euphoriques dans un hôtel de la région de Halifax.

«Qui aurait cru que des circonscriptions représentées par le NPD couvriraient la Nouvelle-Écosse?»

Des néo-démocrates ont été élus dans 31 des 52 circonscriptions de la province. En remportant 11 sièges, le Parti libéral de la Nouvelle-Ecosse est devenu l'opposition officielle. De son côté, le Parti conservateur a vu ses sièges passer à 10.

A la dissolution de l'assemblée législative, les conservateurs détenaient 21 sièges, le NPD, 20, et les libéraux, neuf. Il y avait un député indépendant et un siège vacant.

La victoire du NPD met fin à un règne de 10 ans des conservateurs et probablement à la courte carrière politique de l'ex-premier ministre, Rodney MacDonald.

Ce dernier a pris les rênes du Parti conservateur au début de 2006 et a déclenché des élections l'été suivant. Les électeurs lui avaient alors confié un gouvernement minoritaire.

Darrell Dexter a dû travailler fort afin de s'imposer comme un visage familier auprès des électeurs au cours de ses huit années au poste de chef de son parti, qui a offert aux Néo-Écossais un programme modéré et centriste.

Le NPD était en avance dans les sondages depuis plus de deux ans déjà, et les 35 jours de campagne électorale lui ont permis de distancer ses rivaux encore davantage.

Les conservateurs au pouvoir ont passé une bonne partie de la campagne sur l'offensive, prévenant les électeurs des dangers de voter pour ce «parti risqué» qu'est le NPD.

Dans sa circonscription, au Cap-Breton, M. MacDonald a indiqué qu'il allait rencontrer les représentants de son parti d'ici la fin de la semaine.

Lorsque l'on lui a demandé s'il avait l'intention de quitter ses fonctions, le chef conservateur a répondu: «Il sera temps de passer à un autre chapitre pour la population de la province.»

M. MacDonald, qui, à l'instar des autres chefs, a facilement été élu, a déclaré à ses partisans que les Néo-Ecossais s'étaient prononcés pour le changement.

De son côté, le chef libéral, Stephen McNeil, a promis d'être un bruyant critique vis-à-vis du nouveau gouvernement.

«Il est important pour les Néo-Écossais que non seulement nous traversions ce ralentissement économique, mais que nous soyons également prêts à saisir les occasions qui se présenteront à la fin», a-t-il dit à ses partisans sur une piste de curling à Bridgetown, sa ville natale, située dans la vallée de l'Annapolis.